Le Fonds monétaire international a annoncé mercredi avoir supprimé la règle exceptionnelle qui lui avait permis de participer au renflouement massif de la Grèce en 2010 en dépit de doutes sur la viabilité de sa dette.

«Le conseil d'administration du FMI a approuvé une importante réforme du mécanisme d'accès exceptionnel aux prêts du Fonds, notamment en supprimant l'exception systémique», a indiqué dans un bref communiqué le porte-parole de l'institution Gerry Rice.

Cette «exception systémique» visait à contourner une règle d'or de l'institution selon laquelle des prêts ne peuvent être accordés à un pays en crise qu'à la condition que sa dette soit considérée viable «avec une très forte probabilité».

Alors en proie à une grave crise bancaire et budgétaire, la Grèce ne remplissait pas cette condition en 2010 et le FMI considérait qu'exiger au préalable une restructuration de la dette du pays aurait pu avoir de graves conséquences sur le reste de la zone euro.

L'institution a donc créé cette exception qui lui a permis de participer au plan de sauvetage de la Grèce à hauteur de 30 milliards d'euros en mai 2010 puis de 18 milliards supplémentaires deux ans plus tard, des montants exceptionnels par rapport à la contribution d'Athènes au budget du FMI.

La règle a par la suite été invoquée au total plus de trente fois afin de débloquer des prêts pour la Grèce mais également pour le Portugal et l'Irlande, deux autres pays de la zone euro placés sous assistance financière internationale, selon un rapport du FMI publié en 2014.

Elle suscitait toutefois des grincements de dents, notamment chez certains pays émergents qui estimaient que le FMI avait ainsi accordé un traitement de faveur aux États européens sous la pression des Occidentaux.

Avec ce changement de cap, le FMI souhaite ainsi refermer un chapitre controversé de son histoire récente au moment où il doit par ailleurs décider de rejoindre ou non les Européens pour participer au troisième plan d'aide à la Grèce.

Signe que la fin de cette «exception systémique» avait déjà été intégrée, le Fonds exige cette fois, avant de débloquer de nouveaux prêts, que les Européens acceptent au préalable d'alléger la dette grecque afin de s'assurer de sa «viabilité».