Les entreprises canadiennes actives au Burkina Faso ont resserré leurs mesures de sécurité dans la foulée de l'attentat terroriste qui a fait 29 morts à Ouagadougou, mais elles n'ont aucunement l'intention de se retirer du pays.

« Les projets avancent, ça continue, c'est clair », lance Benoît La Salle, PDG de la firme montréalaise Windiga Énergie, qui prévoit retourner au Burkina Faso dans deux semaines pour suivre les travaux de construction d'une centrale électrique solaire dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

« Les terroristes veulent déstabiliser l'économie et faire peur aux investisseurs, déplore l'homme d'affaires. Pourquoi ? Parce que plus le pays est en difficulté, plus le pays se cherche, plus facile ce sera pour eux de recruter des complices.

« Un des meilleurs remèdes contre ça, c'est le développement économique. » - Benoît La Salle, PDG de la firme montréalaise Windiga Énergie

Comme la plupart des Occidentaux qui travaillent au Burkina Faso, M. La Salle connaît bien l'hôtel Splendid et le café Cappuccino, cibles des attaques du week-end dernier. Mais depuis les manifestations antigouvernementales de l'automne 2014, il choisit des établissements plus discrets.

La société minière que Benoît La Salle a fondée en 1995, Semafo, a indiqué hier avoir « accru le niveau de sécurité » à sa mine Mana, située à 270 kilomètres au sud-ouest de Ouagadougou, mais a refusé d'en dire davantage. Aucun des employés de l'entreprise n'a été blessé dans l'attentat.

Les actions de Semafo et d'Iamgold, une autre société minière canadienne présente au Burkina Faso, ont néanmoins écopé, reculant de plus de 2 % hier à la Bourse de Toronto, alors que les titres des autres sociétés aurifères ont clôturé en hausse.

VOYAGES SUSPENDUS

Chantal Guérin, directrice générale de la Fondation Semafo, se trouve actuellement au Burkina Faso, où l'organisme dirige une trentaine de projets de bienfaisance. Mme Guérin devait être à Ouagadougou en fin de semaine, mais à la dernière minute, elle a changé ses plans pour se rendre plutôt à la mine Mana. « Ce n'est pas mon numéro qui a été tiré cette fois-ci », dit-elle.

Estimant que les Occidentaux sont devenus des « cibles faciles » pour les terroristes, Chantal Guérin suspendra ses voyages au Burkina Faso pendant quelques mois, le temps que la poussière retombe. 

Ce seront les salariés burkinabés de la Fondation Semafo qui inaugureront les nouvelles écoles construites par l'organisme. « Et pour mon retour à Montréal, je me rendrai directement à l'aéroport sans arrêter à Ouagadougou », précise Mme Guérin.

« Mais il n'est pas question d'arrêter nos projets. On ne veut pas donner raison aux personnes qui ont fait ces attentats. » - Chantal Guérin, directrice générale de la Fondation Semafo

Même détermination du côté de Windiga. « Quand il y a des événements comme ça, ça refroidit les investisseurs pendant un certain temps », reconnaît Benoît La Salle.

« Mais est-ce que les gens vont s'empêcher d'investir en France à cause des attentats de novembre ? Le Burkina Faso a une croissance de 6 ou 7 % par année. Avec ou sans les islamistes, le pays va se développer. Le meilleur exemple, c'est le Nigeria, qui connaît une forte croissance malgré la présence du groupe terroriste Boko Haram. À la fin, la démocratie et la croissance vont rester. »

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Benoît La Salle, fondateur de Semafo et actuel PDG de la firme montréalaise Windiga Énergie