Les exportations chinoises -- en dollars -- ont reculé bien moins qu'attendu en décembre, suggérant une amorce de stabilisation au terme d'une année 2015 morose, où la Chine a vu son commerce extérieur se contracter brutalement et ses importations s'effondrer, reflet du vif ralentissement de la deuxième économie mondiale.

Selon des chiffres publiés mercredi par les douanes, le tableau des échanges commerciaux chinois s'est quelque peu éclairci le mois dernier.

Les exportations de la Chine ont ainsi reculé de 1,4% sur un an, à 224 milliards de dollars, tentant de se reprendre après une chute de presque 7% en novembre. Exprimées en yuans, elles ont même rebondi de 2,3% -- très au-delà du repli de 4,1% qu'anticipaient les analystes sondés par Bloomberg News.

La dépréciation du yuan, orchestrée par Pékin et qui s'est récemment accentuée face au dollar, «a contribué à soutenir les exportations chinoises» en les rendant plus compétitives, indique à l'AFP Ma Xiaoping, expert de HSBC. «La demande internationale s'est également renforcée».

Même si la Chine devrait avoir enregistré en 2015 sa plus faible performance économique depuis un quart de siècle, elle reste un moteur crucial de la croissance mondiale, dont les principaux partenaires commerciaux sont l'Union européenne et les États-Unis.

Les importations chinoises ont elles baissé en décembre pour le 14e mois consécutif (-7,6% sur un an à 164 milliards de dollars): là encore, c'est mieux qu'en novembre et que la prévision médiane du marché (-11%).

Tirant profit de la chute des cours mondiaux, les entreprises chinoises ont nettement renforcé en volume leurs importations de pétrole et de minerai de fer, entre autres, ce qui a pu modérer le déclin général.

Pour Daniel Martin, du cabinet Capital Economics, ce surcroît de demande pour les principales matières premières «suggère que la demande intérieure s'est revigorée» du fait d'une «stabilisation économique».

Une accalmie très précaire

Mais «les signes de stabilisation» restent précaires et «il n'est pas certain que cette reprise soit durable», tempère M. Ma.

Malgré la relative embellie de décembre, le commerce extérieur chinois s'est contracté en 2015 de 8% pour tomber à 3.960 milliards de dollars -- très loin de l'augmentation de 6% que visait Pékin, qui rate donc son objectif pour la quatrième année consécutive.

Essoufflement du secteur immobilier, contraction de la production manufacturière, surcapacités industrielles: le ralentissement économique et la faiblesse de la demande intérieure ont lourdement pesé.

Affecté de surcroît par le repli des cours des matières premières, le montant des importations chinoises a plongé de 14,1% sur l'année à 1680 milliards de dollars.

De leur côté, les exportations ont reculé de 2,8% à 2280 milliards de dollars, pâtissant d'une «reprise économique mondiale terne», selon Huang Songping, porte-parole des douanes.

Au total, l'excédent commercial chinois a bondi l'an dernier de 55% à 595 milliards de dollars.

Ce gonflement fournit à la banque centrale «des munitions pour enrayer les flux de capitaux hors du pays», qui s'accélèrent en raison d'une conjoncture toujours morose, observe Daniel Martin.

De l'avis général, l'année 2016 s'annonce compliquée. «On n'est guère optimiste», confie M. Huang lui-même. À telle enseigne que Pékin ne se fixera pas d'objectif annuel chiffré pour la croissance de son commerce extérieur, selon le journal étatique China Economic Times.

Soutien aux exportateurs

La dépréciation du yuan «va aider dans une certaine mesure nos exportateurs», dont la compétitivité est notamment mise à mal par le renchérissement des coûts du travail, «mais les effets vont devenir de moins en moins sensibles, beaucoup d'autres facteurs entrant en jeu», fait valoir Huang Songping.

«Nous nous attendons à ce que la croissance continue de s'enfoncer cette année, en raison d'écueils structurels», abonde Yang Zhao, expert de Nomura.

Avec le repli persistant des exportations, c'est un pilier traditionnel de l'économie chinoise qui s'effrite.

Pékin vante volontiers ses efforts pour rééquilibrer son modèle de croissance vers la consommation intérieure et une montée en gamme de ses exportations à renfort de nouvelles technologies, au détriment de l'industrie lourde.

Pour autant, le gouvernement pourrait se trouver contraint d'intensifier ses mesures de soutien à l'économie, après avoir déjà assoupli à maintes reprises le crédit et accordé des rabais fiscaux aux entreprises.

Consolation: les chiffres en dollars publiés mercredi par les douanes suggèrent que le pays pourrait finalement avoir conservé en 2015 son titre de première puissance commerciale de la planète face aux États-Unis.

Si la Bourse de Hong Kong a terminé mercredi en hausse de 1,13% grâce aux chiffres publiés mercredi, celle de Shanghai a chuté de 2,42% et celle de Shenzhen de 3,46%, toujours inquiètes de la santé de l'économie.