L'agence de notation financière Moody's envisage de placer la dette souveraine du Brésil en catégorie spéculative, augmentant la pression sur la présidente Dilma Roussef menacée de destitution.

L'agence a indiqué dans un communiqué publié jeudi qu'elle plaçait la note actuelle du pays, Baa3, sous revue pour un abaissement possible en catégorie spéculative en raison de la «dégradation des conditions de gouvernance et d'accroissement des risques de paralysie politique» du pays.

Moody's a également cité pour sa décision une «dégradation rapide et matérialisée des tendances macroéconomiques et budgétaires ainsi que la diminution d'une possibilité de renversement de cette tendance au cours des deux ou trois prochaines années».

La note actuelle Baa3 du Brésil est la plus basse dans la catégorie investissement.

Une féroce guerre de tranchées parlementaire est engagée dans le pays autour de la possible destitution de la présidente de gauche Dilma Rousseff après des révélations sur le méga-scandale de corruption autour du groupe pétrolier public Petrobras.

L'opposition multiplie les manoeuvres pour isoler Mme Rousseff, provoquant la satisfaction des marchés qui misent sur l'impeachment. La Bourse de Sao Paulo a clôturé en hausse de 3,75% mercredi.

L'agence de notation Standard & Poor's avait déjà relégué début septembre la dette brésilienne en catégorie spéculative.

Le Brésil est passé en moins de cinq ans de la position de géant émergent, alléchant pour les investisseurs du monde entier, à celle de pays en pleine déconfiture accumulant les mauvaises nouvelles.

L'inflation au Brésil a ainsi atteint son plus haut niveau sur douze mois depuis 2003 à 10,48% en novembre, soit plus du double de l'objectif du gouvernement de la maintenir à 4,5%.

Le FMI prévoit que le pays restera en récession en 2016 (avec un recul attendu du PIB de 1%). Si cela se confirmait, il s'agirait de la première fois depuis 1930-31 que le Brésil est en récession deux années de suite.