Après la déception infligée par la banque centrale européenne (BCE) aux marchés la semaine dernière, Yves Mersch, membre de son directoire, a signalé que l'institution avait «encore des munitions» pour venir en aide à la zone euro.

«Comme le disent les Gaulois, si le ciel ne nous tombe pas sur la tête, nous serons toujours en mesure de dégainer encore des munitions» pour soutenir l'économie de la zone euro, a assuré M. Mersch lors d'un dîner de presse mercredi.

«Nous avons ces munitions» et elles sont «appropriées», a assuré le Luxembourgeois. Mais il a refusé d'en esquisser les contours pour éviter «de déclencher une nouvelle fois une spirale d'attentes injustifiées» sur les marchés, a-t-il insisté.

Les grandes places financières mondiales ont plongé brutalement le 3 décembre, déçues malgré le prolongement par la BCE de son fameux «QE» jusqu'en mars 2017, et l'extension de la palette des titres qu'elle peut acquérir avec ce vaste programme de rachats d'actifs.

Cela revient à injecter au moins 1500 milliards d'euro pour soutenir la zone euro, au lieu des 1.100 initialement prévus.

Mais la plupart des analystes, inspirés par les discours volontaristes du président de la BCE Mario Draghi ces dernières semaines, s'attendaient à une accélération du rythme des achats, qui a finalement été maintenu à 60 milliards d'euros par mois.

Avant M. Mersch, un autre membre de la BCE était déjà monté au front mercredi pour défendre M. Draghi. Le gouverneur de la banque d'Autriche Ewald Nowotny a dénoncé les attentes «absurdes» des marchés, en estimant que les analystes avaient commis une «vaste erreur».

M. Mersch a toutefois concédé que la BCE a «probablement déçu les marchés, sinon nous n'aurions pas connu cette volatilité» après l'annonce des nouvelles mesures de soutien à l'économie.

«La communication est un métier difficile, et c'est en forgeant qu'on devient forgeron», a relativisé M. Mersch.

L'ancien gouverneur de la banque centrale luxembourgeoise a aussi justifié le nouveau passage à l'action de la BCE, alors que les gardiens de l'euro sont divisés. La banque centrale allemande estime notamment que la BCE n'aurait pas dû augmenter la puissance de feu de son «bazooka» monétaire.

Mais l'institution tente «d'augmenter la capacité de résistance de la zone euro aux chocs», notamment le tassement de la conjoncture dans les pays émergents, a plaidé M. Mersch.

«Ces chocs expliquent en partie pourquoi nous avons dû reporter la réalisation de notre objectif» de stabilité des prix, c'est-à-dire une inflation légèrement inférieure à 2%, a-t-il conclu.