Le ton est brutalement monté mardi entre le gouvernement grec et le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, après que ce dernier a défendu la participation du FMI au sauvetage financier de la Grèce, jugée la veille «non nécessaire» par le premier ministre grec Alexis Tsipras.

M. Schäuble s'est fendu à Bruxelles d'une sèche mise en garde contre cette remise en question, jugeant que «ce n'est pas dans l'intérêt des Grecs», après une rencontre des ministres des Finances de l'UE à Bruxelles.

«Nous rappelons que la responsabilité de l'intérêt du pays revient au gouvernement grec», a vertement riposté sa porte-parole, Olga Gerovassili, citée par un communiqué.

Pour M. Schäuble, M. Tsipras doit respecter les accords conclus le 13 juillet pour le déblocage à la Grèce de 86 milliards d'euros sur trois ans en échange d'un nouvel effort de rigueur et de réformes.

M. Schäuble a eu recours à un dicton populaire imagé pour défendre le point de vue allemand: «Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse». «Ce n'est pas bon pour la cruche», a conclu le ministre, en parlant de la Grèce.

«Nous attendons du ministre allemand des Finances qu'il se démarque de la position inacceptablement dure du FMI. L'Europe doit et peut résoudre ses problèmes seule», a ajouté Mme Gerovassili, ironisant sur les «efforts» de M. Schäuble pour «garder la cruche solide».

M. Tsipras, avait justifié sa prise de position lundi en invoquant des besoins de financement inférieurs aux 86 milliards d'euros prévus au départ -- la recapitalisation du système bancaire grec n'a requis en effet que 5,7 des 25 milliards prévus au sein de ce total, prévus sur ce total-- et la  «position qui n'est pas constructive» du FMI.

Il avait reproché au FMI de se faire l'avocat des «réformes les plus dures» au sein du quartet des créanciers supervisant la mise en oeuvre des engagements grecs mais aussi d'exiger des Européens des garanties pour la viabilité de la dette grecque auxquelles ils rechignent.

Le FMI, qui a participé et cofinancé pour un tiers les deux précédents plans de sauvetage financier de la Grèce a cette fois réservé sa contribution financière, en réclamant la mise en oeuvre effective par Athènes de ses engagements, mais aussi un allègement de la dette du pays.

À Bruxelles, l'analyse est que ce n'est pas l'argent du FMI «le facteur clé», mais son «'expertise», alors que «certains États membres sont heureux qu'il soit là pour finaliser le processus», selon une source européenne.

La montée de tension entre Athènes et Berlin intervient alors que le gouvernement Tsipras négocie avec ses créanciers l'adoption, que ces derniers réclament d'ici Noël, d'un nouveau train de mesures, incluant la mise sur pied d'un Fonds de privatisation censé accélérer les ventes d'actifs grecs et la possibilité de rachat par des fonds étrangers des dettes des entreprises grecques.

Le gouvernement grec s'est jusque là conformé à ses engagements en faisant adopter en octobre un premier paquet de mesures de rigueur, mais y a perdu deux députés, avec une majorité ramenée à 153 députés sur 300.

Parallèlement, cependant, le programme grec a aussi été discuté lors d'une rencontre à Athènes mardi entre le ministre adjoint grec aux Affaires européennes et son homologue allemand Michael Roth. M. Roth a «reconnu les efforts du peuple grec» et déclaré que son gouvernement «est disposé à offrir toute l'aide qui lui sera demandée pour mener à bien les réformes nécessaires de la manière la plus efficace et socialement acceptable», selon un communiqué du ministère grec.