La zone euro espère aboutir à un compromis au plus tard «en début de semaine prochaine» sur le déboursement de 2 milliards d'euros promis à la Grèce en échange de réformes ainsi que sur le renflouement crucial des principales banques du pays.

Réunis lundi à Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro ont eu recours à la méthode douce vis-à-vis d'Athènes, refusant de replonger dans l'acrimonie qui avait caractérisé les négociations de cet été.

«De nombreux progrès ont été réalisés, beaucoup de travail a été fait», a estimé lundi soir le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, qui espère la mise en place «dans le courant de la semaine» de la première série de mesures réclamée à la Grèce pour obtenir la poursuite de l'aide.

C'est en tout cas l'engagement pris lundi par le ministre grec des Finances, Euclide Tsakalotos, à Bruxelles, a assuré M. Dijsselbloem.

Une fois cette étape passée, les directeurs du Trésor de la zone euro - l'«Euro Working Group» (EWG) - devraient «se retrouver au plus tard la semaine prochaine pour faire le point sur la mise en place de mesures». Une réunion qui sera peut-être suivie par une discussion des 19 ministres des Finances de l'Eurogroupe, qui siègent au MES (Mécanisme européen de stabilité), le fonds de secours de la région.

«Il n'y a pas de date-butoir. L'idée est d'accélérer le processus», a souligné une source européenne proche des discussions.

Environ «80 %» des mesures demandées à Athènes ont été réalisées», s'est félicité de son côté Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, en insistant sur «la vraiment bonne coopération» avec les autorités grecques.

«Ça avance dans la bonne direction, il reste encore des points à clôturer. Il faudra atteindre ces objectifs dans les prochains jours», a déclaré M. Moscovici lors d'une conférence de presse concluant l'Eurogroupe.

La recapitalisation, «priorité numéro un»

Le principal point d'achoppement de ces négociations porte sur les saisies immobilières, un sujet politiquement difficile pour la coalition gouvernementale d'Alexis Tsipras, dominée par le parti de la gauche radicale Syriza.

Les créanciers réclament des mesures pour faciliter les saisies immobilières, mais Athènes veut maintenir certaines dispositions permettant de protéger la majorité des ménages endettés.

Sur ce point, «nous devons trouver une solution équilibrée qui protège les plus vulnérables et qui permette aux banques de se remettre à prêter», a estimé M. Moscovici.

Outre un accord sur le premier volet de mesures demandées, Athènes devra également mettre en place dès cette semaine des réformes concernant son secteur financier, condition sine qua non pour entamer le processus de recapitalisation des banques grecques, dont la situation financière s'est fortement dégradée avec la crise et la fuite des capitaux.

La zone euro a déjà mis de côté, sur un compte séparé, une enveloppe de 10 milliards d'euros pour les banques grecques, dans le cadre du plan d'aide de 86 milliards décidé cet été, mais elle compte également sur l'intervention d'investisseurs privés. «Les discussions sont en cours avec les investisseurs privés», a précisé M. Dijsselbloem.

Selon un bilan réalisé par la Banque centrale européenne, les quatre principales banques privées grecques (Alpha Bank, Eurobank, NBG et Piraeus Bank) ont besoin dans le scénario le plus extrême de 14,4 milliards d'euros pour être renflouées. Un montant plus faible qu'escompté au départ.

«C'est notre priorité numéro un», a insisté M. Dijsselbloem.

En plus de ces étapes, le gouvernement grec devra adopter d'ici à la fin de l'année un deuxième train de mesures pour compléter les «mesures préliminaires» réclamées jusqu'ici.

Enfin, l'autre grande échéance pour Athènes sera la conclusion de la première évaluation de son programme de réformes, effectuée par ses créanciers (soit l'UE et le FMI) et escomptée avant fin 2015. Celle-ci devrait officiellement débuter mercredi, selon une source proche des discussions.

C'est seulement cette étape franchie que les discussions sur une restructuration de la colossale dette grecque - cruciales pour le gouvernement Tsipras - pourront commencer.