La banque centrale chinoise (PBOC) a nettement relevé lundi le taux de référence du yuan face au dollar --le plus fort relèvement quotidien depuis une décennie--, et ce à peine trois mois après une dévaluation surprise. Ce qui n'a pas empêché le yuan de reculer en cours de journée.

L'institution a remonté de 0,54% le taux pivot autour duquel le renminbi (autre nom de la monnaie chinoise) est autorisé à fluctuer, a-t-elle indiqué dans une déclaration. Selon Bloomberg, il s'agit de la plus forte hausse quotidienne de ce taux de référence depuis 2005.

Pékin continue d'encadrer étroitement la convertibilité du yuan, celui-ci ne pouvant fluctuer que dans une fourchette quotidienne de 2% de part et d'autre du taux pivot déterminé par la banque centrale. Mais celle-ci affirme prendre en compte les tendances du marché des changes.

Or «le renminbi grimpe en ce moment parce que le marché réagit à la possibilité croissante de le voir inclus dans l'unité de compte du FMI», a indiqué à l'AFP Liao Qun, économiste de Citic Bank International, un établissement chinois.

La Chine cherche activement à faire inclure sa monnaie dans la composition des DTS (Droits de tirage spéciaux), unité de compte du Fonds monétaire international (FMI) formée d'un panier de devises comprenant actuellement quatre devises (dollar, euro, livre et yen).

Selon Bloomberg, des représentants du FMI ont même assuré à Pékin que le renminbi sera «probablement» inclus «bientôt» dans la composition des DTS, dont la révision quinquennale doit intervenir fin 2015.

Pour autant, dans les échanges, la monnaie chinoise a terminé lundi à 6,3371 yuans pour un dollar... soit en baisse de 0,30% par rapport à la clôture de vendredi. Signe de l'ambivalence du marché.

«Les intentions du gouvernement sont limpides: il essaye de maintenir stable le marché des changes, car la stabilité de la devise est une condition requise par le FMI», estimait Liu Jian, expert de Bank of Communications.

La banque centrale chinoise avait ébranlé les marchés mondiaux mi-août en dévaluant soudainement le taux de référence du yuan de près de 2%, et de quasiment 5% en l'espace d'une semaine.

Elle s'était cependant gardée de parler de dévaluation, expliquant avoir simplement modifié sa façon de calculer le taux pivot du yuan pour le rapprocher de la valeur «véritable», dans un apparent effort de rassurer le FMI sur sa volonté d'assouplir les restrictions sur le yuan.

La décision avait néanmoins été largement perçue comme une tentative de Pékin de revigorer, via sa devise, un commerce extérieur défaillant et de stimuler l'activité de l'économie chinoise en net ralentissement.