La Banque centrale européenne (BCE) est partie pour mettre sur les rails de nouvelles mesures de politique monétaire en décembre, a annoncé jeudi son président Mario Draghi, alors que l'inflation en zone euro reste désespérément basse.

«Le degré d'assouplissement de la politique monétaire devra être réexaminé lors de notre réunion de décembre», quand la BCE actualisera comme chaque trimestre ses prévisions de croissance et d'inflation, a déclaré M. Draghi.

S'il devait passer à la vitesse supérieure dans son soutien aux prix et à l'économie, le conseil est ouvert à l'utilisation de «tous les instruments de politique monétaire», a précisé le banquier central. Cela inclut également une potentielle nouvelle baisse de taux, dont M. Draghi a reconnu qu'elle avait été discutée lors de la réunion de jeudi à Malte.

Une baisse porterait sur le taux plancher de la BCE, celui auquel l'institution rémunère les banques qui placent de l'argent auprès d'elle pour 24 heures, et qui est déjà négatif (-0,20%).

«Nous pourrions changer la taille, la composition ou les contours de tous les instruments de politique monétaire, si nécessaire», a précisé M. Draghi.

Il a reconnu avoir affirmé par le passé que les taux étaient déjà au plus bas, mais «les choses ont changé» depuis, et «tout instrument pourrait potentiellement être utilisé» pour permettre à la BCE de remplir son mandat de stabilité des prix.

Pour l'instant, la BCE soutient l'économie de la zone euro avec des taux d'intérêt très bas (0,05% pour le taux principal), des prêts aux banques et un vaste programme d'achats de dettes publiques et privées, au rythme de 60 milliards d'euros par mois jusqu'à au moins septembre 2016.

Alors que les prix stagnent, voire baissent en Europe, en contradiction avec l'objectif d'une inflation légèrement en dessous de 2% en glissement annuel, la BCE est sous pression pour en faire encore plus, par exemple en gonflant le volume du programme de rachats de dette, ou en le prolongeant.

Cette pression ne va pas mollir, au contraire, M. Draghi ayant reconnu jeudi que l'inflation allait «rester faible à court terme».

M. Draghi a répété que le conseil des gouverneurs était «prêt à agir», et qu'il était, non pas dans un mode «attendre de voir» («wait and see»), selon l'expression utilisée par beaucoup de commentateurs pour décrire son attitude, mais en plein travail d'examen de la situation («work and assess»).

Certains membres du conseil, peu nombreux, ont «suggéré la possibilité» d'agir dès ce jeudi, a reconnu M. Draghi, mais «je ne dirais pas que c'était le thème dominant aujourd'hui». Le conseil comprend les six membres du directoire de la BCE et les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone euro.

Un certain nombre de risques pèsent sur les perspectives d'inflation, notamment les prix du pétrole, le ralentissement économique observé en Chine, mais les banquiers centraux attendent de pouvoir mieux apprécier leur effet potentiel sur la zone euro pour passer à l'action, et pensent qu'ils en sauront plus en décembre.