Deux ministres de premier plan du gouvernement japonais se querellent au sujet de statistiques économiques qui, selon l'un d'eux, ne reflèteraient pas la réalité de la situation intérieure, ont révélé les minutes d'une récente réunion.

Se référant aux «remarques de nombreux experts», le ministre des Finances, Taro Aso, a souligné le 16 octobre que «les données sur la consommation des ménages entrent en contradiction avec celles émanant du secteur marchant, à savoir les ventes de détail».

Et le même de demander des réformes, estimant que les statistiques ne reflètent pas suffisamment la réalité.

Les inquiétudes soulignées pas M. Aso sont fréquemment relevées par de nombreux économistes qui tendent à juger les indicateurs japonais difficilement exploitables pour mesurer l'état réel de l'économie nippone au regard de celle d'autres nations riches.

Selon M. Aso, les statistiques tendent à accentuer les dépenses de consommation de personnes âgées et font trop l'impasse sur l'importance croissante des achats via internet où les prix sont très fluctuants, ce qui n'est selon lui pas ou peu pris en compte dans le calcul de l'inflation.

La ministre des Affaires intérieures, Sanae Takaichi, dont les services sont chargés de compiler une grande partie des statistiques, s'est inscrite en faux contre les remarques de son collègue.

D'après elle, si les dépenses des ménages et les statistiques du commerce de détail ne coïncident pas et montrent même parfois des directions différentes, c'est que les premières prennent en compte les services, et que les secondes intègrent non seulement les achats des ménages japonais mais aussi ceux des touristes dont le nombre a fortement augmenté ces dernières années.

Le vieillissement de la population tend de facto à accentuer la part de la consommation des personnes âgées et les ventes en ligne ne représentent encore que 3% du total, a-t-elle argué.

«Les deux indicateurs (consommation des ménages et ventes au détail) ne reposent pas sur les mêmes critères et il faut dès lors faire attention à ne pas les comparer de façon simpliste», a-t-elle rétorqué.