En dépit de tout le mécontentement qu'il suscite, le Partenariat transpacifique (PTP) fait aussi des heureux. Des entreprises estiment qu'elles pourraient en bénéficier.

Spectra Premium

L'industrie automobile est très présente dans les principaux pays signataires de l'accord commercial du Partenariat transpacifique, dont les États-Unis, le Japon, le Mexique et le Canada.

Pas étonnant alors que des fournisseurs de pièces comme la québécoise Spectra Premium, spécialiste des réservoirs d'essence avec 1200 employés et 500 millions de chiffre d'affaires, espèrent profiter d'une libéralisation du commerce entre ces différents marchés.

«Nous étions déjà habitués à faire affaire aux États-Unis et au Mexique, dans le cadre de l'ALENA. Mais avec le PTP, nous espérons pouvoir étendre nos affaires vers les constructeurs automobiles au Japon, notamment. Grâce à la réduction de leurs barrières tarifaires, d'une part, mais aussi la simplification de leur processus d'implantation sur place», explique Denis Poirier, vice-président directeur et chef de la direction financière de Spectra Premium.

Citadelle

Le marché de 800 millions de personnes qui doit ouvrir l'accord commercial du PTP est très alléchant pour les producteurs d'aliments fins, qui lorgnent notamment les consommateurs aisés du Japon et d'Australie.

À la coopérative Citadelle, entreprise québécoise de premier plan dans les produits de l'érable, de la canneberge et du miel, le directeur général, Martin Plante, entrevoit une demande accrue dans ces pays d'outre-Pacifique, après la réduction de leurs barrières tarifaires.

«Les tarifs que doivent payer nos clients-importateurs dans ces pays du PTP varient de 8 à 30%. Quand ils seront vraiment réduits, ça devrait favoriser la croissance de la demande dans ces pays, en particulier le Japon, où nos produits de l'érable sont considérés comme des produits de luxe», explique M. Plante.

Mais avant que le PTP ne se concrétise, Citadelle entend persévérer avec ses «efforts constants de démarchage dans l'ensemble des 40 pays où [elle exporte] déjà, et pas seulement en Asie».

Saputo

Saputo, géant québécois des fromages et autres produits laitiers, avait déjà quelques années d'expérience dans les marchés asiatiques avant l'annonce de l'accord du PTP, cette semaine.

Toutefois, c'est à partir de ses filiales en Australie, en Argentine et aux États-Unis, et non du Canada, que Saputo sert le marché croissant des produits laitiers en Asie.

Au siège social de Saputo, à Montréal, on explique que cette géographie d'affaires un peu singulière d'un point de vue québécois découle surtout des mesures de contrôle très strictes qui encadrent l'industrie laitière au Canada par rapport au marché international.

Par ailleurs, on dit vouloir attendre «tous les détails» du PTP, en particulier sur les barrières au commerce international des produits laitiers, avant d'analyser comment cet accord commercial pourrait influer sur la gestion et la croissance des affaires de Saputo en Asie.

Olymel

La viande de porc est très prisée dans le menu des principaux pays asiatiques qui participent à l'accord commercial du PTP. Mais les plus gros transformateurs et exportateurs de viande de porc du Québec n'avaient pas attendu les négociations du PTP pour développer leurs affaires dans ces marchés.

Chez Olymel, filiale de la Coopérative fédérée avec 1,5 milliard d'affaires par année en produits de viande de porc, on a même un bureau commercial au Japon depuis quelques années.

Néanmoins, on attend du PTP qu'il «contribue à sécuriser et fluidifier [ses] canaux d'exportation vers l'Asie», a indiqué Denis Richard, président de la Coop fédérée.

«Nous accueillons favorablement les baisses de tarifs donnant accès au marché japonais. Par ailleurs, nous sommes rassurés de savoir que l'épisode de la Corée du Sud, où nos concurrents américains ont bénéficié d'un accès préférentiel pendant des années, ne se reproduira pas. Un tel scénario impliquant cette fois le Japon aurait été catastrophique.»

Résolu

L'entreprise montréalaise est l'un des plus importants fabricants de papier journal au monde. Elle compte bien profiter de l'élimination graduelle des droits de douane en Australie, au Viêtnam et en Malaisie. En revanche, Résolu ne bénéficiera pas de la suppression des tarifs pour le bois d'oeuvre. «En raison du poids de ces produits, il ne serait pas avantageux d'exporter aussi loin. Par contre, ça pourrait être bon pour les producteurs de l'Ouest canadien», dit Karl Blackburn, porte-parole de l'entreprise. L'an dernier, Résolu a exporté 11% de son papier journal en Asie.

Velan

Le fabricant québécois de robinetterie industrielle se réjouit du Partenariat transpacifique. «C'est très positif pour nous parce que nous tirons moins de 10% de nos revenus du Canada», souligne le chef de la direction, Tom Velan. L'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Viêtnam et la Malaisie imposent actuellement des droits de 5 à 25% sur les robinets et vannes pour tuyauterie et chaudières, qui seront éliminés graduellement en vertu de l'accord. Les usines québécoises de Velan en profiteront: elles réalisent près de la moitié de toute la production de l'entreprise.