Les autorités de régulation chinoises se sont attaquées à plusieurs milliers de comptes de courtage liés à des transactions boursières considérées comme illégales, ont-elles annoncé, alors que Pékin tente toujours de ramener le calme sur les marchés après leur débâcle estivale

La Commission de régulation des marchés financiers (CSRC) a visé jusqu'à présent 3255 comptes, en fermant certains et obligeant les autres à passer leurs transactions via des canaux légaux étroitement encadrés, a-t-elle indiqué dans un communiqué lundi soir.

Les comptes incriminés sont accusés de diverses infractions: certains investisseurs ne s'étaient ainsi pas enregistrés sous leur véritable nom, ou d'autres avaient recours à des plateformes favorisant les opérations sur marge en dehors de la supervision des régulateurs.

Les opérations sur marge, dont l'explosion a alimenté la bulle des Bourses chinoises avant d'en accélérer l'effondrement, consistent à acheter des actions en ne payant soi-même qu'une petite partie du prix et en empruntant le reste des fonds, misant sur une hausse des cours.

De façon distincte, l'agence officielle Chine nouvelle a rapporté mardi que la police menait des enquêtes sur de hauts dirigeants de Citic Securities, la plus grosse maison de courtage du pays en actifs, sur des soupçons de délits d'initiés et de fuite d'informations sensibles.

Parmi les cadres visés, figurent le directeur général Cheng Boming, le directeur des opérations Yu Xinli et le vice-directeur des technologies de l'information Wang Jinling, a ajouté Chine nouvelle, sans plus de détails.

Un cadre de la CSRC et quatre hauts responsables de Citic Securities avaient par ailleurs été arrêtés fin août pour «des infractions liées aux marchés boursiers».

Alors que la Bourse de Shanghai a dégringolé d'environ 40% depuis la mi-juin, le gouvernement cherche toujours à stabiliser les marchés et à calmer la nervosité générale.

Le gouvernement était massivement intervenu en juillet et en août pour soutenir les indices boursiers, avec des achats massifs d'actions par des organismes publics et l'appui des grandes maisons de courtage: une stratégie aux résultats très mitigés.

De leur côté, les régulateurs avaient entamé dès juillet des enquêtes sur les «transactions illégales» accusées par les autorités d'alimenter la dégringolade.

Et la CSRC a encore à examiner plus de 2000 comptes, représentant des actifs de presque 188 milliards de yuans (39 milliards de dollars CAD), soulignait le communiqué de lundi...

Ces annonces très médiatisées de la CSRC ont alimenté en ce début de semaine un nouveau repli marqué des Bourses chinoises, même si le régulateur a réfuté tout «impact significatif».

La CSRC a déjà infligé ce mois-ci des amendes à trois sociétés accusées «de mener des activités de courtage illégales» alimentant la volatilité des marchés.

La police a par ailleurs placé en détention Wang Xiaolu, journaliste du très respecté magazine Caijing, accusé d'avoir propagé des «rumeurs» après avoir évoqué en juillet un possible arrêt prématuré des interventions étatiques sur le marché.

Dès juillet, alors que la Bourse ne cessait de dégringoler, la CSRC et la police avaient lancé de façon très médiatisée des «opérations conjointes» contre les ventes à découvert «malveillantes» - ce mode de transaction ordinaire consistant à parier à la baisse sur un titre.