L'euro grimpait lundi face à un dollar subissant un nouveau regain de doute sur un resserrement dès le mois prochain de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) alors que les inquiétudes sur la Chine pesaient sur les perspectives de la reprise mondiale.

Vers 5h50 (heure de Montréal), la monnaie unique européenne valait 1,1470 dollar - après être monté à 1,1500 dollar vers 4h05, son niveau le plus fort depuis début février - contre 1,1386 dollar vendredi vers 17h00.

La devise européenne baissait face à la monnaie nippone, à 138,31 yens contre 138,97 yens vendredi soir.

Le dollar aussi reculait face à la devise japonaise, à 120,57 yens - tombant même vers 4h50 à 120,25 yens, son niveau le plus faible en trois mois - contre 122,06 yens vendredi.

«La correction sur les marchés domine les gros titres et va causer des nuits sans sommeil pour les banques centrales», car cette baisse semble exagérée et pourrait ainsi déclencher des tentatives de riposte pour contrer la chute des devises, dans certains pays émergents notamment, commentait Nour Al-Hammoury, analyste chez ADS Securities.

Les Bourses asiatiques ont de nouveau décroché lundi, suivies par les Bourses européennes, poursuivant la dégringolade des marchés mondiaux minés par des inquiétudes persistantes sur la santé de l'économie chinoise et sur les perspectives de la croissance mondiale.

Les devises des pays émergents continuaient de souffrir de la faiblesse chinoise, le rouble tombant à des plus bas de l'année face à l'euro et au dollar et le dong vietnamien a atteint un nouveau plus bas historique face au billet vert.

«La poursuite de la dégringolade des marchés d'actions chinois a déclenché des spéculations sur le fait que les autorités chinoises pourraient annoncer de nouvelles mesures de soutien», soulignait Lee Hardman, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi.

Les inquiétudes sur la Chine, dont la croissance est le moteur de la reprise économique mondiale, alimentent des craintes de voir une reprise toujours fragile vaciller.

«Les principaux bénéficiaires sur le marché des changes de cette phase intense d'aversion pour les actifs à risques (comme les actions mais aussi les devises des pays émergents, NDLR) sont l'euro et le yen», qui effaçaient ainsi une partie des pertes enregistrées depuis le début de l'année, expliquait Lee Hardman.

Les deux devises ont souffert depuis le début de l'année d'un renforcement du dollar, alimenté par des attentes d'une hausse des taux d'intérêt aux États-Unis alors que les banques centrales européenne et nippone restent résolument sur la voie d'une politique monétaire très accommodante.

Une hausse des taux américains rendrait le dollar plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs. Mais tout report d'une telle action tend à peser sur le billet vert.

«Avec toute cette panique et cette volatilité sur les marchés en provenance de Chine, il semble que tous les espoirs d'une hausse des taux de la Réserve fédérale en septembre aient été balayés», commentait Craig Erlam, analyste chez Oanda.

Vers 5h50, la livre britannique baissait un peu face à la monnaie unique européenne, à 73,02 pence pour un euro, après avoir atteint vers 2h50 73,37 pence, son niveau le plus faible en deux mois et demi. La livre sterling gagnait du terrain face au billet vert, à 1,5710 dollar pour une livre, montant même vers 4h40 à 1,5727 dollar, au plus haut depuis début juillet.

La devise suisse baissait face à l'euro, à 1,0804 franc pour un euro, mais montait face au dollar, à 0,9418 franc pour un dollar, atteignant même tôt ce matin 0,9366 franc, son niveau le plus fort en six semaines.

L'once d'or a fini à 1153,50 dollars à la fixation du matin, contre 1156,50 dollars vendredi soir.