La Grèce accueille cette semaine les représentants de ses créanciers UE, BCE et FMI pour mettre sur pied le troisième plan de renflouement du pays impérativement avant le 20 août, dans un climat de confiance encore chancelant entre les deux parties.

Et ce ne sont pas les dernières sorties de deux ex-ministres, dont celui des Finances Yanis Varoufakis, qui risquent d'arranger la confiance.

Celui-ci, qui a démissionné le 6 juillet, au lendemain du référendum, mais reste un député influent, a en effet révélé avoir planché sur un système bancaire parallèle impliquant... un piratage du logiciel de l'administration fiscale grecque avec l'aide d'un ami professeur d'informatique à New York...

Quant au dissident Panagiotis Lafazanis, ancien ministre de l'Énergie du gouvernement Syriza, il passe, selon la presse, pour avoir ourdi un raid sur l'imprimerie des euros à Athènes afin de garantir des réserves de change dans le cadre du retour à la drachme qu'il espérait. Lors d'une réunion publique lundi soir, il a rappelé à quel point le «non» l'avait largement emporté au référendum, et suggéré la nationalisation des banques.

Pendant ce temps, le gouvernement Tsipras et les créanciers doivent négocier la mise en place d'un troisième plan d'aide au pays depuis 2010, d'un montant prévu de 82 à 86 milliards d'euros, décidé dans la douleur lors d'un sommet à Bruxelles les 12 et 13 juillet.

Après des informations contradictoires de part et d'autre sur le moment précis du début des discussions (le gouvernement disait mardi, les créanciers lundi), le nouveau ministre des Finances Euclide Tsakalotos a fait preuve d'un certain esprit de compromis en affirmant que «les discussions techniques avaient commencé lundi et s'intensifieraient mardi».

Il a assuré que la Grèce «obéirait aux décisions du sommet».

Le temps presse. Il faut d'ici au 20 août avoir bouclé les modalités du plan, afin qu'Athènes ne manque pas un paiement de plus de trois milliards d'euros dus à cette date à la BCE.

Ce qui implique, en trois semaines, de définir des actions prioritaires à mettre en oeuvre, de fixer le calendrier des versements, trouver un accord sur la trajectoire budgétaire de la Grèce, retombée en récession au premier trimestre, obtenir le feu vert des trois institutions et de plusieurs Parlements nationaux et faire voter le Parlement grec sur les arbitrages ainsi décidés.

Un défi au regard du cours chaotique des discussions entre les créanciers et le gouvernement grec au pouvoir depuis six mois.

Le gouvernement grec s'est déjà ému que certains pays européens fassent «pression» pour que le Parlement adopte dès août un troisième volet de réformes, après les deux votes d'urgence déjà organisés les 15 et 22 juillet.

Petit jeu

Mais selon une source européenne interrogée par l'AFP, il n'y aura pas de versement, même pas un acompte pour payer la BCE, s'il n'y a pas de nouvelles réformes votées. Cette source n'a pas dit cependant quelles réformes, difficiles ou non, on imposerait aux Grecs cette fois pour passer à l'étape suivante du nouveau plan d'aide.

Contrairement aux experts techniques, venus au printemps, les chefs de mission des institutions n'ont plus mis les pieds depuis près d'un an en Grèce alors que les audits trimestriels réalisés depuis 2010 avaient commencé à rencontrer l'hostilité de la coalition précédente (droite-socialistes). Selon Athènes, ces hauts représentants viendront plus tard dans la semaine.

Dans ces pourparlers, le premier ministre Alexis Tsipras laissera son état-major en première ligne, tandis qu'il doit lui-même réfléchir aux suites à donner à la rébellion d'une trentaine de députés de son parti Syriza, hostile à ce nouveau renflouement, qui le laisse à la tête d'un gouvernement sans majorité parlementaire.

S'exprimant devant les instances dirigeantes de son parti, lundi, M. Tsipras a appelé à examiner «les acquis et les erreurs» des six mois de pouvoir. Et à répondre «avec sincérité» à la question: «y avait-il une solution alternative réaliste» au fait de signer le contraignant accord du 13 juillet?

M. Tsipras a reconnu cependant que «la question des différences d'orientation au sein du parti existe». «Il va falloir planifier le plus rapidement possible» un congrès du parti pour résoudre la question, a-t-il prévenu.

Le gouvernement n'a pas commenté la nouvelle affaire Varoufakis, mais le Secrétariat général aux recettes publiques, qui a la main sur les numéros fiscaux des contribuables, a annoncé lundi soir l'ouverture d'une enquête interne pour détecter d'éventuelles opérations suspectes.

Le ministre slovaque des Finances Peter Kazimir, un des «durs» parmi les créanciers, y a vu la preuve du côté «totalement imprévisible» de l'ancien ministre, passé du côté des frondeurs, et a espéré que «ce genre de petit jeu» n'aura plus cours lors des négociations à venir entre Athènes et ses créanciers.