Les pays en développement ont renoncé tard mercredi à la création d'un organisme de lutte contre l'évasion fiscale sous l'égide de l'ONU, après d'âpres négociations avec le Nord lors d'une conférence qui s'achève jeudi à Addis Abeba, selon un document obtenu par l'AFP.

Lors de cette conférence sur le financement du développement, pays du Nord et du Sud se sont divisés sur la création de cette instance, qui aurait eu pour mission d'établir de nouvelles normes fiscales internationales dans la lutte contre les flux illicites et l'évasion fiscale, en particulier des multinationales.

Les pays riches estiment que l'OCDE, qui regroupe les 34 pays les plus avancés, est une instance suffisante pour débattre des questions de taxation internationale et en fixer les règles. Ils expliquaient qu'un nouvel organisme chapeauté par l'ONU risquerait surtout d'introduire des lourdeurs.

L'argument était vigoureusement contesté par les pays du G77, qui rassemble 134 pays en développement, emmenés notamment par l'Inde et le Brésil, qui réclamaient, avec de nombreuses ONG, une instance intergouvernementale dans laquelle tous les pays pourraient faire entendre leur voix.

Devant l'inflexibilité des pays du Nord, États-Unis et Royaume-Uni en tête, les pays en développement ont abandonné leur revendication, en raison notamment des appels pressants de l'Éthiopie, hôte de la conférence, qui craignait un échec de la conférence sur son sol.

Le texte final, obtenu par l'AFP, accorde seulement que les experts du modeste Comité sur la coopération internationale en matière fiscale, qui existe déjà au sein de l'ONU à titre purement consultatif, soient désormais nommés «par les gouvernements» et sélectionnés «selon une distribution géographique équitable».

Le compromis trouvé lève le dernier obstacle à la déclaration finale de la conférence d'Addis Abeba qui sera adoptée formellement ce jeudi en séance plénière.

Ce plan d'action doit servir de feuille de route au financement des nouveaux objectifs de développement durable des Nations unies (ODD) ayant notamment pour objectif d'éradiquer l'extrême pauvreté d'ici 2030 et de promouvoir une croissance respectueuse de l'environnement et de la lutte contre le changement climatique.