Cet été, La Presse Affaires présente des Québécois qui se distinguent dans le milieu des affaires à l'étranger.

Josée Perreault a suivi sa passion : le sport. Un choix qui l'a menée loin : elle est aujourd'hui l'une des principales dirigeantes de la célèbre marque de lunettes de soleil et de vêtements de sport Oakley.

Sa vie professionnelle a pourtant mal commencé. À l'UQAM, elle s'est inscrite en urbanisme parce qu'elle n'avait « aucune idée » de ce qu'elle voulait faire dans la vie. En 1985, son diplôme en main, elle travaille sur un projet à la Ville de Le Gardeur, mais se rend vite compte que ce n'est pas pour elle.

Sa formation lui ouvrira tout de même les portes de la Banque TD, où l'un de ses mandats est de trouver les meilleurs emplacements pour installer des guichets automatiques. Elle découvre le monde du marketing et commence à décrocher des postes dans ce secteur, d'abord pour le cabinet comptable Coopers & Lybrand, ensuite pour le fabricant de peinture Sico. Ambitieuse, elle fait un MBA à l'Université Concordia.

En 1994, une amie lui confie que le distributeur canadien d'Oakley, installé à Montréal, cherche un gestionnaire de marque. Pour cette fanatique de vélo, de planche à neige et d'ultimate Frisbee, c'est une chance à ne pas rater. Quand on lui offre le poste, elle ne se doute pas encore que c'est le début d'une longue aventure.

Moins de quatre ans après son arrivée, Oakley la nomme directrice générale de sa nouvelle filiale canadienne, qui prend forme avec le rachat du distributeur. Huit mois plus tôt, en septembre 1997, elle donnait naissance à son fils, Charles-Olivier.

De Montréal à Paris

Devenir mère n'a pas empêché Josée Perreault d'atteindre de nouveaux sommets professionnels. En 2001, Oakley voit en cette Québécoise bilingue la candidate idéale pour réorganiser ses activités européennes. Direction : Paris. Parmi ses réalisations : l'ouverture des premières boutiques Oakley sur le continent.

Mais en 2004, Charles-Olivier a 6 ans et il s'ennuie de plus en plus de son père, Christian Dubé, qui est resté au Québec. Josée Perreault décide de rentrer à Montréal, où elle reprend les rênes d'Oakley Canada. En un peu plus de trois ans et demi, les ventes de la filiale passent de 9 à 50 millions, grâce notamment à la popularité croissante des collections pour femmes.

À la fin de 2007, le géant italien des lunettes Luxottica acquiert Oakley pour 2,1 milliards US. L'acheteur veut procéder à une nouvelle restructuration des activités européennes de la marque à l'ovale et une fois de plus, on fait appel à Josée Perreault. Comme la division quitte Paris pour la Suisse, c'est à Zurich qu'elle s'installe. « Il m'a fallu défaire tout ce que j'avais fait », glisse-t-elle.

En 2008, son mari, un haut dirigeant de Cascades, la rejoint en Suisse. La vie est belle : la famille profite des week-ends et des vacances pour parcourir le Vieux Continent. Charles-Olivier adorera la vie à Zurich. « C'est un grand village sécuritaire », résume Josée Perreault.

L'ado aime tellement la Suisse qu'il maugrée lorsque sa mère lui annonce, en 2010, qu'ils déménagent en Californie, où elle deviendra vice-présidente de l'exploitation mondiale d'Oakley. Bien sûr, les protestations du fils n'ont pas duré longtemps. Deux ans plus tard, Christian Dubé quittera à son tour l'Europe pour se faire élire comme député de la Coalition avenir Québec. Il est aujourd'hui premier vice-président à la Caisse de dépôt et placement.

« Le succès d'un grand mariage, c'est de ne pas se voir tous les jours », dit à la blague Josée Perreault.

La femme de 52 ans, qui est membre du conseil d'administration de la firme d'ingénierie montréalaise WSP Global depuis janvier 2014, s'apprête maintenant à quitter Oakley après 21 ans pour amorcer le « chapitre 2 » de sa vie. Elle ne sait pas encore de quoi il sera fait.

« J'ai beaucoup donné à Oakley, j'ai fait des sacrifices et ce n'était pas toujours idéal pour ma famille, admet-elle. Mais ils m'ont beaucoup donné en retour. J'en serai toujours reconnaissante. »

Oakley en bref

• Fondée en 1975 par l'Américain James Jannard

• 3400 employés

• 248 boutiques dans le monde