L'Afghanistan va lancer une plateforme internet qui mettra directement en relation ses PME et les acheteurs du monde entier, pour sortir de l'enclavement et donner un coup de fouet à ses exportations de tapis, pierres précieuses, artisanat ou fruits secs.

«Au cours des 14 dernières années (depuis la fin du régime des talibans, NDLR), l'Afghanistan a surtout importé», a expliqué à l'AFP Hassib Rahimi, le vice-président de la Chambre de commerce de Kaboul, en annonçant le développement à travers le pays de ce nouveau réseau, le «Forum afghan d'échanges de biens».

«Nos vendeurs n'ont pratiquement aucun accès aux acheteurs du monde entier et les produits afghans sont écoulés par le biais d'intermédiaires», a-t-il expliqué.

Faute d'accès à la mer, l'Afghanistan est contraint de se reposer entièrement ou presque sur ses voisins moins enclavés, Iran et Pakistan notamment, pour ses échanges commerciaux, et via une logistique aussi périlleuse qu'onéreuse.

S'y ajoute le conflit entre le gouvernement et la rébellion menée par les talibans, qui «fait fuir les investisseurs» susceptibles de miser sur la production locale, regrette M. Rahimi.

À l'en croire, le «Forum afghan d'échanges de biens» permettra aux PME afghanes de contourner la coûteuse étape des intermédiaires iraniens ou pakistanais et établira un dialogue direct sur internet avec les acheteurs potentiels basés à l'étranger.

Que ce soit pour vendre des fruits secs, des pierres précieuses, des tapis ou de l'artisanat local, la plateforme devrait aider les producteurs afghans à se faire un nom au-delà des frontières de leur pays, déchiré par les conflits depuis plus de 30 ans.

La société Pride Group, basée aux Émirats arabes unis, a débloqué une enveloppe de 20 millions de dollars pour financer le projet, mis en oeuvre avec la Chambre de commerce de Kaboul et qui doit aussi couvrir une partie des coûts de transport et de stockage des produits.

«Le projet va d'abord être lancé dans les grandes villes dans un an. Nous comptons ensuite contacter les producteurs dans les zones rurales», a précisé M. Rahimi.

Après une décennie de croissance à deux chiffres, consécutive à l'intervention occidentale qui a chassé les talibans, l'économie afghane stagne depuis deux ans en raison de l'instabilité politique, du retrait de la grande majorité des soldats de l'OTAN à la fin 2014 et des craintes de flambée des violences rebelles.

Le gouvernement afghan table ainsi cette année sur des recettes de 1,8 milliard de dollars, une somme inférieure à la valeur de l'héroïne tirée de la culture du pavot à opium qui alimente notamment les caisses des talibans et autres chefs de guerre.