Les positions de la Grèce et ses créanciers sont figées après l'échec d'un nouveau cycle de négociations qui a vu Athènes céder du terrain sur un objectif budgétaire clef avant d'interrompre les pourparlers malgré l'urgence financière.

Le 30 juin, la Grèce doit près de 1,6 milliard d'euros au FMI, et il n'est pas sûr qu'elle en ait les moyens, surtout si, comme le gouvernement de gauche radicale l'assure, elle veut d'abord payer les fonctionnaires et les retraités.

En cas de non-remboursement, la Grèce devrait affronter les conséquences d'un défaut de paiement, une première dans la zone euro. «Il existe un risque réel de sortie» de ce pays de l'euro, a estimé lundi le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Margallo.

Sur un ton offensif, le premier ministre grec Alexis Tsipras a pris son parti de l'interruption des pourparlers, dimanche soir, avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international : «Nous attendrons patiemment jusqu'à ce que les institutions (UE et FMI) se rallient au réalisme», a-t-il signifié lundi dans une déclaration écrite au quotidien de gauche Ephimerida ton Syndakton.

Alexis Tsipras a taxé les exigences des créanciers d'«opportunisme politique» après cinq années de «saccage» de l'économie grecque.

Après avoir fait le point avec l'équipe de négociateurs de retour de Bruxelles, le gouvernement s'est cependant dit prêt à retourner «à tout moment» à la table des discussions.

Mais tout en considérant, selon le porte-parole du gouvernement, que l'offre grecque est la seule base de négociations possible.

Pourtant, Athènes est, à en croire la Commission européenne et un document publié par le quotidien grec Kathimerini, désormais d'accord sur les objectifs d'excédent budgétaire (hors dette) souhaités par les créanciers pour cette année (1 %) et l'an prochain (2 %), ce qui était un gros point d'achoppement, les Grecs n'ayant pas voulu, initialement, dépasser 0,6 % et 1,5 % respectivement.

Mais reste à «évaluer si les engagements pour y parvenir sont crédibles», a souligné lundi une porte-parole de la Commission.

Or, pour l'exécutif européen, qui a chiffré à deux milliards d'euros l'effort supplémentaire nécessaire de la part de la Grèce, le compte n'y est pas dans l'offre grecque.

Dissensions entre créanciers

Et le dialogue de sourds a continué. La «balle est indiscutablement dans le camp» de la Grèce, a estimé lundi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

De leur côté, les Grecs imputent l'échec des négociations aux réclamations «irrationnelles» de leurs interlocuteurs internationaux, en particulier du FMI.

«Nous n'accepterons pas de mesures qui augmentent la TVA sur les biens d'alimentation de base ou de baisse des retraites», a de nouveau averti le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis.

«C'est un des systèmes de retraites les plus coûteux d'Europe et une réforme fait partie des demandes» des créanciers, a répliqué la Commission, tout en insistant sur le fait que «les institutions n'ont pas demandé une réduction des pensions au niveau individuel».

Pour parvenir à l'objectif d'excédent primaire de 1 % du PIB, une réforme des retraites et une hausse de la TVA sont indispensables, avait insisté dimanche le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, qui avait parallèlement invité les gouvernements européens à faire de leur côté un geste sur la dette grecque.

Or, ces derniers, notamment vis-à-vis de leurs électeurs, se refusent à envisager un allègement de cette dette, aussi réclamé par Athènes, et se concentrent uniquement dans l'immédiat sur les réformes censées remettre la Grèce sur les rails.

Des dissensions entre créanciers qui n'arrangent pas les choses.

Le prochain rendez-vous entre la Grèce et ses créanciers est prévu avant la réunion régulière jeudi des ministres des Finances de la zone euro.

Alexis Tsipras pour sa part sera en Russie ce jour-là, pour la deuxième fois en deux mois.

La Grèce recevra entre-temps mardi et mercredi le premier ministre autrichien Werner Faymann, premier dirigeant européen à venir en visite à Athènes depuis l'arrivée de Syriza au pouvoir.

Il a d'ores et déjà mis en garde ses pairs européens lundi contre les conséquences de «l'extrême austérité» qu'on veut appliquer à la Grèce.

M. Tsipras recevra par ailleurs mardi matin les leaders des partis grecs To Potami (centre gauche - qui lui a déjà promis les voix de ses 17 députés en cas d'accord avec les créanciers), Pasok (socialiste), et une des responsables de Nouvelle démocratie (droite), le parti de l'ancien premier ministre Antonis Samaras, pour évoquer avec eux l'état des négociations.