Les dirigeants de 26 pays d'Afrique de l'Est et du Sud ont signé mercredi en Égypte un traité de libre-échange, qui englobe la moitié orientale du continent et doit faciliter la circulation des biens et des marchandises.

La Zone tripartite de libre-échange (Tripartite Free Trade Area - TFTA), ou la «Tripartite», doit devenir un marché commun unissant 26 des 54 pays africains.

Le traité a été signé lors d'un sommet à Charm el-Cheikh, station balnéaire sur la mer Rouge, notamment par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président du Zimbabwe Robert Mugabe et le vice-président tanzanien Mohammed Gharib Bilal.

L'ensemble regroupera les pays du Marché commun des États d'Afrique australe et de l'Est (Comesa), de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), soit plus de 625 millions d'habitants et plus de 1000 milliards de dollars de PIB.

L'objectif est de mettre en place un cadre pour aller vers des tarifs douaniers préférentiels, facilitant ainsi la circulation des biens et des marchandises.

«Ce que nous faisons aujourd'hui représente un pas important dans l'histoire de l'intégration régionale de l'Afrique», a indiqué M. Sissi.

«Aujourd'hui nous avons communiqué au monde notre désir d'adopter des pratiques nécessaires pour augmenter nos échanges commerciaux. Nous allons faire tout notre possible pour concrétiser cet accord», a-t-il affirmé lors de la cérémonie de clôture.

Du Cap au Caire, selon le mot de l'homme politique et magnat minier britannique Cecil Rhodes au 19e siècle, la «Tripartite» englobera l'Afrique du Sud et l'Égypte, les deux économies les plus développées du continent, ainsi que des pays dynamiques comme l'Éthiopie, l'Angola, le Mozambique et le Kenya. Mais pas le Nigeria, premier PIB d'Afrique notamment grâce au pétrole.

«L'Afrique a clairement dit qu'elle était ouverte aux affaires», a estimé le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim.

Le président Mugabe a quant à lui souligné que ce traité établissant «une économie sans frontières» permettrait au nouveau bloc de se classer au 13e rang au niveau mondial en termes du PIB.

«L'établissement de la TFTA va accroître les échanges commerciaux interrégionaux en créant un marché élargi qui augmentera les flux d'investissements et permettra le développement des infrastructures régionales», selon un communiqué de clôture.

«Circulation facile des marchandises»

Mais il faudra attendre plusieurs mois avant que ne se concrétise véritablement la Tripartite.

Le calendrier «de démantèlement des barrières douanières» n'a pas encore été établi, avait ainsi averti le ministre égyptien de l'Industrie et du Commerce, Mounir Fakhri Abdel Nour. Et pour entrer en vigueur, le traité devra être ratifié dans les deux ans par les Parlements des 26 pays.

«L'objectif final est de permettre une circulation facile des marchandises entre les pays, sans taxes», a indiqué Peter Kiguta, directeur général de l'EAC. En des termes plus prosaïques, un fabricant de stylos ou de produits électroménagers basé dans la TFTA doit pouvoir vendre facilement ses produits dans un autre pays de la zone, a-t-il expliqué.

De fait, seuls 12% environ des échanges commerciaux en Afrique ont lieu entre pays du continent, contre 55% en Asie et 70% en Europe.

C'est la conséquence de ce que les économistes appellent «l'épaisseur» des frontières. Elle se mesure au nombre de documents qu'il faut produire pour l'importation et l'exportation: sept à huit papiers de douane en moyenne en Afrique, contre quatre ou cinq en Europe. Et cela tient compte aussi des délais et coûts de franchissement des frontières.

La Tripartite doit ainsi fournir un mécanisme pour identifier les obstacles non tarifaires et les éliminer.

Le traité a également pour objectif d'augmenter la part de l'Afrique dans les échanges commerciaux à l'international - qui s'élève actuellement à 2% - en développant les industries nationales.

«C'est un message fort, montrant que l'Afrique travaille à son intégration économique, et à créer un environnement favorable au commerce et à l'investissement», s'était félicité la semaine dernière le gouvernement sud-africain.