Il est arrivé sur la scène politique comme une star, avec ses airs d'ado arrogant et ses promesses de réformes spectaculaires. Une quinzaine de mois plus tard, le premier ministre italien Matteo Renzi a dû modérer ses ardeurs au fil du temps, mais force est d'admettre que son bilan est positif et, surtout, encourageant.

Tout comme l'Espagne, l'Italie a surpris beaucoup de monde, la semaine dernière, en se hissant parmi les pays européens qui font le plus de progrès cette année.

D'une part, le secteur manufacturier en Italie - avec ses milliers de PME qui forment le moteur économique du pays - a enregistré une croissance solide, montre l'indice PMI Markit qui a atteint 54,8 points en mai. Un sommet en quatre ans.

Cet indicateur très suivi des analystes montre que l'Italie industrielle croît même actuellement plus vite que ses rivales allemande (51,1), française (49,0) et de la zone euro (52,2). (Un résultat au-dessus de 50 indique la croissance.)

D'autre part, le chômage en Italie a reculé en avril, surprenant agréablement les économistes et incitant Matteo Renzi à appeler à plus de « réformes » dans un pays toujours en convalescence économique.

Le taux de chômage s'est établi à 12,4 % de la population active, en baisse de 0,2 % par rapport à mars (chiffre lui-même revu en baisse), selon l'Institut national des statistiques (Istat).

Bien que la péninsule italienne demeure l'un des pays les plus touchés par ce fléau en Europe, avec la Grèce et l'Espagne, M. Renzi s'est aussitôt félicité de ces résultats sur Twitter, y voyant les effets de sa réforme du marché du travail, le Jobs Act

« Nous avons 159 000 emplois en plus en avril, premier mois plein du Jobs Act. En avant toutes avec les réformes ! » 

Le casseur de la «vieille Italie»

Fin février 2014, à seulement 39 ans, l'ancien maire de Florence fraîchement élu à la tête du gouvernement s'était présenté comme le « rottomatore », « le casseur de la vieille Italie », en promettant le changement en moins de 100 jours.

Confronté à la résistance de la vieille garde du Parti démocrate et face à la gravité de la crise économique, Matteo Renzi a dû se raviser, s'octroyant finalement 1000 jours pour montrer de bons résultats.

Outre ses réformes politiques, le nouveau chef du gouvernement a concocté un cocktail d'impôts réduits, de stimulations de la consommation, d'investissements et de réformes. Son plus grand coup à ce jour : l'introduction controversée d'une plus grande flexibilité sur le marché du travail pour lutter contre le chômage.

Ces changements, décriés par une partie de la population, ont suscité les applaudissements du milieu des affaires, dont le patron du groupe emblématique Fiat-Chrysler, Sergio Marchionne. « Le gouvernement de Matteo Renzi a fait [en quelques mois] ce qui n'a pas été fait pendant des années [...]. Laissons-le travailler ! », clamait récemment l'homme d'affaires.

L'Italie a d'ailleurs renoué avec la croissance après trois ans de récession extrêmement dure. Le produit intérieur brut (PIB) de la troisième économie européenne a crû de 0,3 % au premier trimestre 2015, chiffre supérieur aux attentes des économistes et meilleure performance depuis le début de 2011, selon Istat.

Les économistes du pays croient cependant qu'il vaut éviter tout « triomphalisme » à ce stade. Reste que, mercredi dernier, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) disait entrevoir de meilleurs jours pour la botte italienne, tablant sur une croissance de 0,6 % en 2015 et 1,5 % l'an prochain (+ 0,7 % et + 1,7 %, selon le Fonds monétaire international).

Les exportations et un « regain de la consommation » devraient soutenir l'emploi, affirme l'organisme, ajoutant que l'économie italienne fera des gains relativement supérieurs à ceux de la zone euro et des pays de l'OCDE d'ici la fin de 2015, selon l'indice précurseur CLI.

L'OCDE rappelle par contre que l'investissement au pays a chuté de 30 % depuis 2007. Le secteur privé reste méfiant et, pour l'inciter à réinjecter de l'argent dans l'économie, « d'autres réformes » seront nécessaires, notamment dans le secteur bancaire qui s'enfonce sous le poids de ses prêts-problèmes qui freinent le crédit.

Qui plus est, l'Italie est l'un des pays les plus endettés d'Europe avec une dette publique de plus de 130 % du produit intérieur brut. Sans compter que la péninsule vieillit rapidement, en raison d'un taux de natalité parmi les plus faibles du monde, tandis que les revenus des travailleurs du pays stagnent depuis cinq ans.

Matteo Renzi a donc beaucoup de travail à faire avant que les Italiens ressentent les bienfaits de cette reprise encore fragile.

INFOGRAPHIE LA PRESSE