Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'en est pris dimanche dans une tribune dans le quotidien français Le Monde aux créanciers de son pays qui «insistent sur des solutions déraisonnables» tout en s'engageant à faire une série de «réformes».

Le premier ministre a déploré le fait que «certains fuitent dans la presse que son gouvernement était intransigeant et qu'il n'est pas prêt à un accord avec les créanciers (UE et FMI)» sur l'avenir financier du pays.

«Ce n'est pas à cause de notre intransigeance ni à cause des positions incompréhensibles du côté grec. Cela serait plutôt à cause de l'obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables», écrit M. Tsipras.

Selon le premier ministre, la conclusion d'un accord «permettra de mettre un terme à l'incertitude politique et économique ressentie au niveau européen et mondial, qui se prolonge à cause de la question grecque» et de mettre fin aux scénarios sur «le Grexit» (sortie de la Grèce de la zone euro, ndrl).

Malgré certains progrès enregistrés dans les négociations entre Athènes et ses créanciers, ces derniers ont indiqué qu'il faudra encore du temps pour conclure un accord.

Alexis Tsipras s'est dit prêt à adopter une série de réformes visant à l'assainissement des finances publiques grecques.

«En vertu de nos propositions, nous nous engageons notamment à réaliser des excédents primaires moins élevés pour 2015 et 2016 et plus élevés pour les années suivantes étant donné que nous attendons une augmentation correspondante des taux de croissance de l'économie grecque», explique-t-il dans Le Monde.

Avec les créanciers, «nous sommes également tombés d'accord pour réaliser une grande réforme de la TVA (...) mettre en oeuvre une grande réforme du système de sécurité sociale avec l'unification des caisses d'assurance sociale, la suppression de dispositions autorisant à tort l'octroi de retraites anticipées, en augmentant de cette façon l'âge réel de la retraite», ajoute-t-il.

Alexis Tsipras relève également que son gouvernement s'est engagé à «accroître les recettes publiques par le biais de la redistribution des charges à partir des citoyens à revenus moyens et faibles vers ceux qui ont des revenus élevés».

Il a réitéré que l'Europe doit mettre fin aux politiques d'austérité et promouvoir «la croissance» et «la solidarité entre les peuples» des pays membres.

La poursuite de la politique d'austérité «risque d'être le début de la fin puisqu'elle transforme la zone euro d'union monétaire en simple zone de taux d'échange. Mais, en plus, elle inaugure un processus d'incertitude économique et politique qui pourrait aussi transformer de fond en comble les équilibres économiques et politiques dans l'ensemble du monde occidental», soutient-il.

Alexis Tsipras affirme que la Grèce a fait «des concessions» et que la solution maintenant se trouve «entre les mains des leaders de l'Europe».

Selon certains médias grecs, le premier ministre doit s'entretenir de nouveau au téléphone dimanche soir avec Angela Merkel, pour la deuxième fois en trois jours après une téléconférence jeudi avec la chancelière allemande et le président français, François Hollande.

Angela Merkel et François Hollande doivent se rencontrer lundi à Berlin avec le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, pour discuter du renforcement de la zone euro, mais le sujet de la Grèce est également à l'ordre du jour, selon des médias.