La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde estime qu'une sortie de la Grèce de la zone euro est «une possibilité», dans des extraits diffusés jeudi d'un entretien au quotidien allemand FAZ à paraître vendredi.

«La sortie de la Grèce (de la zone euro) est une possibilité», a dit Mme Lagarde, qui assiste à Dresde (est de l'Allemagne) à une réunion des ministres des Finances du G7, dans l'interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Un «Grexit» ne signifierait pas «la fin de l'euro», a dit Mme Lagarde, selon le FAZ.

Mais c'est quelque chose «auquel j'espère les Européens ne seront pas confrontés parce qu'ils trouveront, espérons-le, un moyen de se mettre d'accord sur l'avenir de la Grèce dans la zone euro», a-t-elle ajouté, selon des déclarations supplémentaires publiées dans la soirée par le FMI pour «clarifier et remettre dans le contexte» cette interview qui a fait grand bruit.

Le ton s'était envenimé entre l'institution de Washington et le gouvernement grec.

«Il est très improbable que nous arrivions à une solution globale dans les jours qui viennent», a également dit Mme Lagarde, apportant un nouveau démenti aux déclarations d'Athènes mercredi selon lesquelles une ébauche d'accord était en cours de rédaction.

Le gouvernement d'Alexis Tsipras négocie depuis fin février avec le FMI, la Banque centrale européenne (BCE) et la Commission européenne, sur des engagements de réformes qui entraîneraient le déblocage de 7,2 milliards d'euros d'aide financière promise à Athènes. Les discussions sont extrêmement ardues, les demandes des institutions allant pour beaucoup à l'encontre des promesses électorales de M. Tsipras.

Les négociations avaient avancé début mai, mais «ces dernières semaines nous avons à nouveau eu des déconvenues», selon la directrice générale du FMI.

«Nous avons des règles, nous avons des principes», a également insisté Mme Lagarde dans l'interview au FAZ.

L'un de ces principes, rappelé par le FMI depuis Washington, est que «tout pays qui n'honore pas ses engagements envers le Fonds (...) est déclaré en situation d'arriérés de paiement et n'a pas accès aux financements du FMI».

Le ministre des Finances français Michel Sapin a souligné que le FMI n'avait «pas la même logique, pas les mêmes procédures, pas le même calendrier» que les Européens. «Le FMI est dans la flottille, mais c'est un autre bateau. Il navigue avec nous et il n'est pas question qu'il reste au port», a-t-il dit.

«Les trois institutions doivent travailler ensemble avec une volonté partagée, que la Grèce reste dans la zone euro. Christine Lagarde est tout à fait à bord de cette négociation et elle a cette volonté politique avec nous», a dit pour sa part le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

L'évocation par Mme Lagarde de la possibilité d'un «Grexit», pour reprendre le terme cher aux marchés, a fait d'autant plus de bruit que les dirigeants européens s'interdisent d'évoquer ce scénario en public, répétant à l'envi que la place de la Grèce est «dans l'euro» et qu'il n'y a «pas de plan B».