Ministres des Finances et banquiers centraux du G7 discutent jeudi à Dresde de la croissance mondiale et de l'harmonisation fiscale mais ce sont aussi deux absents, la Chine et la Grèce, qui occupent pensées et débats.

Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des États-Unis, du Canada, du Japon, d'Allemagne, de France, du Royaume-Uni et de l'Italie sont réunis jusqu'à vendredi dans la capitale saxonne sur les rives de l'Elbe - choisie par l'hôte, le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble, pour le renouveau de l'Est allemand qu'elle incarne.

Le dossier grec n'est officiellement pas à l'agenda de la manifestation, qui se veut aussi une séance de «brainstorming» avant le sommet du G7 des chefs d'État et gouvernement les 7 et 8 juin en Bavière.

Mais à l'exception notoire des Grecs, beaucoup des acteurs clés sont là, dont la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI), Christine Lagarde, et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

Le sujet est dans toutes les têtes, alors que le gouvernement grec a fait état mercredi d'une ébauche d'accord avec ses créanciers, avant de s'attirer une rafale de démentis.

Impatience 

Mme Lagarde, interrogée par la chaîne allemande ARD jeudi, a indiqué qu'il n'y avait pour l'instant pas de «résultat ferme» des négociations. Celles-ci «n'ont pas beaucoup avancé», a jugé pour sa part dès mercredi soir M. Schäuble.

Encore plus direct, on affirmait dans l'entourage d'un participant au sommet: «sur le papier il n'y a rien, zéro».

Le temps presse pourtant, alors que la BCE s'inquiète dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, publié jeudi, des effets inflationnistes sur les taux d'emprunts d'autres pays de la zone euro des tergiversations sur la Grèce. Et que les partenaires des Européens s'impatiente.

«Tout le monde doit mettre les bouchées doubles, (...) et trouver une solution», a plaidé mercredi le secrétaire d'État au Trésor Jack Lew.

Les discussions ont commencé à Dresde par un symposium réunissant les participants et sept économistes de renom, pour un «échange de vues» sur les moyens de pérenniser la croissance, le bon équilibre entre consolidation budgétaire et investissements, éternels sujets pour ce forum. «Nous avons eu une discussion passionnante, intense», a déclaré juste après M. Schäuble.

Pour les sessions de l'après-midi, sont au menu la lutte contre l'évasion fiscale - en préparation notamment de la finalisation à l'automne dans le cadre du G20 du deuxième volet d'un plan d'action international de longue haleine contre l'optimisation fiscale - et le financement du terrorisme, ainsi que la régulation financière.

Les Allemands veulent évoquer, pour la première fois dans ce cadre, l'idée, encore très embryonnaire, d'un «code de conduite» pour les professions bancaires. Les pays du G7 réfléchissent aussi à «se concerter» sur la thématique qui monte des attaques virtuelles et du cyberterrorisme financier.

La Chine sur la sellette

Les sujets plus d'actualité, comme l'Ukraine et sa situation financière, ou une possible aide financière au Népal sinistré début mai par un gigantesque séisme, devraient être abordés formellement lors d'une séance de travail «fourre-tout» vendredi matin.

Devrait y avoir sa place aussi le positionnement des partenaires sur la nouvelle banque d'investissement mise sur pied par la Chine, à laquelle les Européens du G7 veulent participer, mais pas Washington, et la question de la devise chinoise, dont Pékin aimerait qu'elle rejoigne le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.

Ce même FMI a attisé cette semaine la dispute entre Pékin et Washington sur la valeur du renminbi, en affirmant que contrairement à ce que soutiennent les États-Unis, la devise chinoise n'était pas sous-évaluée. M. Lew s'est empressé de prendre le contre-pied de cette position.

De manière générale, au G7, «il y a une préoccupation commune qui est d'accompagner la Chine vers la prise de toutes les responsabilités qui vont avec sa place» sur la scène mondiale, fait-on valoir dans l'entourage du ministre français Michel Sapin.