La Suisse fait «un grand ménage» afin de régulariser la situation fiscale des avoirs étrangers déposés dans ses banques avant 2017, a souligné mardi le Secrétaire d'État aux questions financières internationales.

«Un grand ménage est en cours» dans le pays et ses banques, a dit à la presse à Genève Jacques de Watteville, qui doit signer mercredi à Bruxelles avec l'Union européenne un accord d'échangme automatique d'informations en matière fiscale (EAI).

Il a cité à titre d'exemple la récente lettre envoyée par l'autorité de surveillance des banques suisses (FINMA), qui a sommé les banques genevoises de remettre la liste des comptes de leurs clients transfrontaliers, notamment français, une démarche inédite.

L'accord avec Bruxelles est «très important pour la Suisse, car on règle d'un coup le cas avec 28 pays», a dit Jacques de Watteville, en ajoutant qu'il allait contribuer «à aplanir les relations avec l'UE».

Sur le plan interne, le travail législatif a aussi commencé, afin que le cadre légal soit en place d'ici 18 mois.

Les choses ont déjà changé avec la France, a-t-il poursuivi, en faisant référence à la récente visite en Suisse du président François Hollande, de même qu'avec l'Italie.

L'accord EAI prévoit que la Suisse va commencer à collecter début 2017 toutes les informations bancaires de clients européens des banques suisses et les transmettre ensuite à partir de début 2018 aux différents fiscs concernés.

Cet accord signifie ipso-facto la fin du secret bancaire suisse pour les clients étrangers des banques helvètes.

La Suisse essaye aussi de régler parallèlement avec certains pays la question «du règlement du passé». Il s'agit du sort réservé aux clients «européens indélicats» qui ont «oublié» de déclarer leurs avoirs cachés en Suisse. La Suisse veut continuer à gérer ces fonds après 2017 et le pays de provenance y a intérêt aussi, car il peut ainsi taxer les fonds.

«Il faut éviter que l'argent» parte vers d'autres cieux avant la date de 2017, selon le secrétaire d'État suisse.

Un accord a été signé en février avec l'Italie concernant la régularisation de ces fonds et met en place «un système facilitant la régularisation avant l'EAI pour éviter un exode des capitaux».

Interrogé sur la France, M. de Watteville a répondu qu'il n'y avait pas de «négociations, mais un dialogue» avec Paris.

«La directive Cazeneuve en France sur la régularisation de ces capitaux est complexe et lourde», a-t-il en ajoutant que la Suisse, mais aussi des avocats et des banquiers avaient discuté avec la France pour lui suggérer des améliorations.

«La France a pris bonne note» de ces observations, «et les choses se sont améliorées», a-t-il dit.

Un programme de régularisation est aussi en cours avec les États-Unis, et dernièrement, la Suisse a entamé des négociations avec la Grèce.

«Si les Grecs ne peuvent pas se régulariser à des conditions raisonnables, alors l'argent va s'évaporer» avant 2017, a prédit M. de Watteville.

Selon des statistiques de la Banque nationale suisse, il y a en Suisse quelque 6,6 milliards de francs suisses (6,3 mds euros) déposés par des Grecs dans des banques helvètes. Ces chiffres ne sont cependant pas complets, car ils ne tiennent pas compte des valeurs mobilières, comme les actions. En outre, la loi grecque permet que les fonds détenus à l'étranger par des armateurs ne soient pas taxés. «Il se peut donc que ces fonds grecs en Suisse soient donc légalement ''pas déclarés'', lorsqu'ils appartiennent à des armateurs grecs, a-t-il conclu.