La zone euro va profiter cette année d'une embellie économique, essentiellement grâce à une série de facteurs externes, selon les prévisions de printemps de la Commission européenne.

La croissance devrait atteindre 1,5% cette année, contre 1,3% selon les précédentes prévisions publiées en février. Autre bonne nouvelle, l'union monétaire devrait échapper à la déflation, avec 0,1% d'inflation, contre -0,1% prévu précédemment.

«L'économie européenne ne s'était pas portée aussi bien depuis plusieurs années», a commenté dans un communiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

«Certes, l'évolution de la situation est encourageante, mais il nous faut veiller à asseoir la croissance dans la durée», a tempéré le vice-président de la Commission chargé de l'euro, Valdis Dombrovskis.

Pour 2016, la prévision de croissance de la Commission demeure inchangée par rapport à février, à 1,9%.

La relative embellie économique dont bénéficie la zone euro s'explique par «une conjonction de plusieurs vents favorables», a expliqué M. Moscovici au cours d'une conférence de presse, citant «les prix bas du pétrole, la dépréciation substantielle de l'euro» ainsi que «l'effet positif du programme d'assouplissement quantitatif mis en place par la Banque centrale européenne».

Cette politique monétaire, marquée par des rachats massifs de dette, a un impact «positif» qui est «plus fort que nous l'avions prévu en février», et a «contribué à recréer des anticipations d'inflation», a-t-il souligné.

L'inflation devrait encore rester quasi nulle au premier semestre, sous l'effet de la chute des prix de l'énergie, mais redémarrer à la fin de l'année. Si elle ne dépasse pas 0,1% en 2015, elle devrait passer à 1,5% en 2016.

La décrue du chômage, quoique lente, devrait s'avérer un peu plus nette que prévu: le taux de chômage, qui atteignait encore 11,6% en moyenne dans l'ensemble de la zone euro en 2014, passerait à 11,0% cette année puis à 10,5% l'an prochain.

«Reprise véritable»

De manière générale, «nous avons aujourd'hui des indications claires qu'une reprise cyclique véritable est désormais en cours», a affirmé M. Moscovici, citant, au-delà des facteurs conjoncturels comme les prix du pétrole, le renforcement de la confiance des ménages et la consommation de biens durables.

Mais, comme toujours dans la zone euro, la situation économique reste extrêmement contrastée selon les pays.

En France, le chômage devrait stagner à 10,3% cette année, un peu mieux que ce qu'envisageait la Commission en février, et diminuer en 2016 à 10,0%. La France devrait aussi faire mieux que prévu cette année, tant en termes de croissance (1,1% contre 1,0% envisagé précédemment) que de déficit public (3,8% contre 4,1% prévu en février).

Mais la situation se dégrade fortement et rapidement en Grèce, qui peine à aboutir dans ses discussions avec ses créanciers. Par rapport à février, la Commission a drastiquement revu la croissance à la baisse: elle ne devrait pas dépasser 0,5% cette année contre 2,5% prévus il y a trois mois. La croissance devrait ensuite passer à 2,5% l'an prochain, contre 3,6% prévus en février.

Le pays, pour lequel un excédent budgétaire était envisagé en 2015 et 2016, accusera finalement un déficit, et devrait rester en déflation cette année (-1,5%).

À l'inverse, l'Allemagne, le moteur de l'union monétaire, continue de bénéficier d'un excédent budgétaire, d'une croissance solide (+1,9% en 2015) et du taux de chômage le moins élevé de la zone euro.