Des États-Unis à la Chine, en passant par le Royaume-Uni, la croissance économique au premier trimestre a été décevante, alimentant les doutes pour le PIB mondial.

Le chiffre de la progression de la richesse américaine a été particulièrement brutal mercredi, le PIB ne progressant que de 0,2% en rythme annualisé, contre 2,2% au trimestre précédent. Surtout, c'est très nettement en dessous des chiffres anticipés, puisque les analystes misaient sur 1%.

Ces performances ont provoqué des soubresauts sur les marchés financiers, entraînant des baisses sensibles en Bourse en Europe et une appréciation de l'euro par rapport au dollar.

Mardi, c'était la croissance britannique qui montrait des signes de faiblesse, en ralentissant fortement à 0,3% par rapport au trimestre précédent, contre 0,6% au quatrième trimestre 2014, et un peu partout, les grands pays enregistrent des variations de PIB plutôt faibles.

Le ralentissement américain était attendu après un hiver rigoureux qui a partiellement gelé l'activité du pays. «Les facteurs temporaires peuvent avoir d'assez gros effets sur la croissance trimestrielle, surtout quand ils débarquent par trois (climat, bas prix du pétrole et hausse rapide du dollar)», ont relevé les analystes de la maison de courtage Oanda.

Mardi 20 janvier, Barack Obama se réjouissait: «ce soir, nous tournons la page» de la crise. Peut-être qu'il s'est un petit peu avancé, car depuis, les mauvais indicateurs se sont accumulés, même si les choses devraient s'améliorer au deuxième trimestre.

«Vu que le ralentissement au premier trimestre était principalement dû à des facteurs temporaires, nous nous attendons à ce que la croissance du PIB rebondisse» dans les mois qui viennent, estiment les analystes d'Unicredit.

«Les Etats-Unis restent assez au dessus du lot parmi les économies avancées et restent un moteur de la reprise», estime pour l'AFP Thierry Geiger, économiste du World Economic Forum, basé à Genève.

«Ils ont peut être déçu sur des prévisions de court terme», ajoute-t-il relevant que «le court-termisme engendre la volatilité».

«Nouvelle médiocrité»

Il n'empêche que ce coup de mou vient ajouter une touche obscure au panorama de l'économie mondiale, assombrie par plusieurs facteurs, au premier chef le ralentissement chinois.

Début avril, la patronne du FMI, Christine Lagarde mettait en garde: «il y a six mois, j'avais mis en garde contre le risque d'une nouvelle médiocrité, c'est-à-dire une faible croissance pendant longtemps. Aujourd'hui, on doit empêcher que cette nouvelle médiocrité ne devienne une nouvelle réalité».

«Globalement, on va vers cette médiocrité envisagée par Christine Lagarde», estime pour l'AFP Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.

La Chine est en train de se débattre pour tenter de contrôler son ralentissement économique, le PIB a progressé de 7% au premier trimestre sur un an, sa plus faible performance depuis presque un quart de siècle.

En zone euro, la croissance est atone, tout comme au Japon, et les pays émergents doivent affronter toute une série de vents contraires, que ce soit le contrecoup des politiques monétaires des pays avancés ou ceux du ralentissement chinois.

Pourtant, les Banques centrales ne ménagent pas leur peine pour alimenter la machine, avec des taux d'intérêt au plus bas et des politiques non conventionnelles de relance, inondant les marchés financiers de liquidités.

«Les politiques monétaires ont favorisé les marchés, mais dans le même temps, l'économie réelle reste à la marge», relève M. Dembik pour qui «les effets bénéfiques des politiques monétaires ont un temps d'efficacité limité».

Ces politiques monétaires «ont aidé, ont permis d'éviter une grande dépression», estime M. Geiger,