La Grèce dominait les débats jeudi lors des réunions de printemps à Washington du FMI et de la Banque mondiale, Athènes affirmant sa volonté d'engager des réformes face à des partenaires de plus en plus crispés.

Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a assuré de la volonté de son gouvernement de mener à bien les réformes exigées par ses créanciers pour qu'ils débloquent une tranche d'aide de 7,2 milliards d'euros.

«Nous ferons des compromis, mais nous ne nous compromettrons pas», a-t-il dit, sans donner de détails.

Mais il a fait face à un certain scepticisme, notamment de la part de son homologue allemand Wolfgang Schaüble, et à une grande fermeté de la part de la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde.

Celle-ci a affirmé lors d'une conférence de presse qu'il n'y aurait pas de traitement de faveur pour la Grèce, endettée auprès du Fonds et confrontée à des échéances de remboursement régulières.

Selon des informations de presse, démenties à Athènes, la Grèce aurait demandé un report de ses échéances les plus immédiates.

«C'est clairement une voie qui ne serait pas adaptée, ni recommandable», a lancé la directrice générale du FMI.

«Si la Grèce veut ce versement (de 7,2 milliards), elle doit faire ce qu'elle a promis» en termes de réformes, a déclaré pour sa part M. Schäuble.

«Grexit»

Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a assuré jeudi à l'AFP qu'il «n'y avait pas de préparation» à une sortie de la Grèce de l'euro, malgré de «trop faibles» progrès dans les discussions avec Athènes.

«Le temps commence à presser» pour trouver un accord avec une Grèce financièrement aux abois, a-t-il toutefois admis.

Athènes assure être en mesure de régler son dû pour avril, mais le doute persiste pour des paiements attendus en mai. D'ici là, le gouvernement dominé par le parti de gauche radicale Syriza doit faire valider par ses partenaires européens une liste de réformes, afin de libérer l'aide attendue.

Ces incertitudes ont provoqué une forte tension sur les taux grecs. Celui à 10 ans a renoué avec des niveaux inédits depuis 2012, dépassant brièvement 13% en séance.

L'euro n'a toutefois pas souffert, progressant même face au dollar.

Mais la possibilité d'un défaut de la Grèce et d'une sortie de la zone euro est évoquée, même au sein du FMI.

Son économiste en chef Olivier Blanchard a évoqué cette semaine la possibilité d'une crise grecque et estimé que la zone euro pourrait survivre à une sortie de la Grèce même si celle-ci «déstabiliserait» les marchés financiers.

L'agence de notation Standard and Poor's n'a pas hésité mercredi à donner un coup de semonce en abaissant la note de solvabilité du pays tout en estimant que le versement des 7,2 milliards attendus par le pays était nécessaire «d'ici fin juin» pour éviter le défaut de paiement.

Lutte contre la pauvreté et les réformes

Ces débats éclipsaient quelque peu les autres thèmes de la réunion, notamment la lutte contre la pauvreté.

Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a ainsi rappelé qu'il fallait encore «tirer de la pauvreté un milliard de personnes», et réclamé des réformes dans les pays émergents.

Mme Lagarde a aussi sermonné les États-Unis qui, depuis des années, bloquent une réforme du FMI destinée à donner plus de poids aux grands pays émergents: «Je comprends que certains pays soient frustrés» par ce blocage, a-t-elle dit.

Sans attendre cette réforme hypothétique, la Chine a choisi de lancer une banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), ralliant plusieurs poids lourds européens. Et causant une désagréable surprise aux États-Unis.

Dans le même temps, Pékin poursuit sa campagne pour que sa devise soit prise en compte dans le calcul des «Droits de tirage spéciaux» (DTS), sorte d'embryon de monnaie universelle émise par le FMI.

Autre sujet au premier plan des réunions, l'épidémie du virus Ebola et les moyens de venir en aide aux trois pays les plus touchés (Guinée, Liberia, Sierra Leone).

Les dirigeants de ces trois pays devaient présenter à Washington les détails d'un «plan Marshall», s'accompagnant d'une aide supplémentaire et d'un effacement de leur dette.