L'agence Standard and Poor's a abaissé mercredi la note de la dette grecque d'un cran à CCC+ et l'a assortie d'une perspective négative, en raison notamment du flottement entourant les discussions entre Athènes et ses créanciers internationaux.

Cette décision reflète le fait que les conditions économiques et financières nécessaires à la solvabilité de la Grèce «se sont détériorées en raison de l'incertitude entourant les négociations prolongées entre le gouvernement grec depuis bientôt trois mois à la tête du pays et ses créanciers officiels», écrit l'agence dans un communiqué.

Sans conclusion prochaine de ces négociations, dont dépend le versement d'une dernière tranche de prêts du programme d'assistance international au pays, «les perspectives économiques» de la Grèce «pourraient se dégrader encore davantage», alors que, selon S&P, le PIB s'est déjà contracté de 1% sur les six derniers mois.

L'agence situe à la mi-mai le délai maximum pour un accord entre Athènes et ses créanciers afin de laisser le temps au parlement grec de voter les réformes qui conditionneront le déboursement de la dernière tranche d'aide.

Alors que les spéculations font florès sur la marge financière dont dispose encore l'État grec pour honorer ses échéances dans les prochaines semaines, Standard and Poor's estime que le versement des 7,2 milliards attendus par le pays est nécessaire «d'ici fin juin» si le pays veut éviter le défaut de paiement.

Mais l'agence juge que le «gouvernement grec aura épuisé ses réserves financières» dès le 12 mai s'il s'acquitte, sans versement d'aide de ses créanciers, des sommes dues début mai au FMI au titre des remboursements des précédents prêts du programme de sauvetage.

Une sortie de la Grèce de la zone euro ne constitue cependant pas «le scénario de base» de l'agence qui n'exclut toutefois pas la mise en place d'un contrôle des capitaux et d'une monnaie parallèle pour permettre à l'État de payer ses employés et fournisseurs.

Les négociations avec le FMI, l'UE, et la BCE, qui ont accordé à la Grèce deux programmes d'aide d'un total de 240 milliards d'euros depuis 2010, stagnent, car le nouveau gouvernement de gauche radicale d'Alexis Tsipras a fixé des «lignes rouges», consistant à refuser de nouvelles baisses des dépenses publiques.

Ces lignes rouges «ne seront pas franchies», a réaffirmé mercredi une source gouvernementale grecque accusant «des cercles hyperconservateurs à l'intérieur du pays en en Europe de refuser cette réalité».

Pour obtenir les derniers 7,2 milliards d'euros restant à verser par l'UE, Athènes planche sur une liste de réformes, dont une version complétée est attendue d'ici lundi prochain afin d'être analysée par les ministres des Finances de la zone euro le 24 avril.

Une décision de déboursement était espérée à cette date, mais les déclarations récentes de plusieurs acteurs de la négociation laissent envisager un nouveau prolongement des discussions.

«Jusqu'à présent, nous n'avons pas de solution et je ne pense pas que nous aurons une solution la semaine prochaine», a pronostiqué mercredi le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schaüble.

La fragilité de l'économie grecque, qui a renoué avec la croissance en 2014 après six ans de récession, a été confirmée mercredi par des indicateurs de l'office des statistiques grecques(ELSTAT): la Grèce a enregistré en 2014 un déficit public de -3,5% du PIB, supérieur aux prévisions (-1,3%), tandis que la dette publique a continué d'augmenter à 177,1% du PIB, selon de premières estimations.

M. Schaüble a également estimé que le nouveau gouvernement de gauche Syriza avait «détruit» toutes les hypothèses sur lesquelles se basait le redressement des finances du pays.