La Banque centrale européenne (BCE) a confirmé son «optimisme prudent» dans une reprise économique «graduelle» de la zone euro, dans le compte-rendu publié jeudi de sa dernière réunion de politique monétaire.

Le document d'une quinzaine pages - les «minutes» - rend compte en détail, mais de manière complètement anonyme, des discussions au sein du conseil lors de sa réunion du 5 mars. À l'issue de celle-ci, le président de la BCE Mario Draghi s'était montré optimiste quant aux bienfaits à venir du nouveau programme de rachat de dettes, connus sous le nom de QE.

Ce programme, qui a débuté quatre jours après la réunion de la BCE, le 9 mars, doit voir la BCE injecter plus de 1000 milliards d'euros dans l'économie de la zone euro d'ici à septembre 2016.

Les membres du conseil de la BCE (les 19 gouverneurs des banques centrales de la zone et les six membres du directoire de la BCE) «ont globalement été d'accord sur le fait que des effets positifs (...) pouvaient déjà être constatés» grâce au nouveau programme, notamment une amélioration des conditions de crédit pour les entreprises, selon le compte-rendu.

Ils ont émis «un sentiment largement partagé» pour reconnaître que le QE «avait ajouté un stimulus complémentaire considérable» pour l'économie, et que l'institution «avait maintenant déployé presque la totalité des outils à la disposition de la politique monétaire (...) pour assurer son mandat» d'un retour d'une inflation proche de 2%, selon le document.

En conséquence, les gardiens de l'euro ont exprimé leur «optimisme prudent» dans le scénario d'une «reprise graduelle» de l'économie en zone euro et d'un retour de l'inflation vers un taux proche de 2%.

Le large consensus souligné par le compte-rendu n'est toutefois pas synonyme d'unanimité. Des membres éminents du Conseil des gouverneurs, comme le président de la Bundesbank Jens Weidmann ou la membre du directoire Sabine Lautenschläger, ont publiquement fait part de leurs doutes sur l'efficacité du QE.

L'optimisme partagé par le conseil ne laisse «pas de place pour la complaisance», souligne le document, même si les risques menaçant la reprise «ont diminué depuis la dernière réunion et la chute des prix du pétrole».

Les membres du conseil voient notamment un risque majeur pour la reprise, si les pays de la zone euro ne s'acquittent pas de «réformes structurelles» pour «soutenir la croissance potentielle».

«Une action politique déterminée était nécessaire dans d'autres domaines» que celui de la politique monétaire, selon l'avis général du conseil.

Les gardiens de l'euro ont également mentionné d'autres risques politiques «à l'intérieur et à l'extérieur de la zone euro», suggérant le cas grec et la crise ukrainienne.