Après trois jours de négociations techniques entre Athènes et ses créanciers sur les réformes que le pays doit réaliser, le ton semble un peu plus conciliant de part et d'autre et un accord reste possible d'ici fin avril, même s'il reste beaucoup à faire.

Depuis samedi, les discussions techniques entre les experts grecs et ceux des créanciers, UE et FMI, ont porté sur les détails de la liste des réformes proposée par le gouvernement d'Alexis Tsipras, avant de se terminer lundi soir «dans un bon climat», selon le gouvernement grec.

Pas suffisamment cependant pour qu'un accord soit trouvé dès cette semaine au niveau des ministres des Finances de la zone euro, comme l'espérait Athènes. «J'espère que nous pourrons parvenir à un accord d'ici à fin avril, cela me paraît possible», a prudemment avancé le président du Conseil européen, Donald Tusk, à Madrid, excluant une issue avant Pâques.

Quelques heures plus tôt, les responsables grecs semblaient plus optimistes. «Nous allons vers un accord avec les partenaires demain (mercredi) ou après-demain (jeudi)», avait anticipé le ministre adjoint des Finances Dimitris Mardas. De son côté, le porte-parole du gouvernement grec Gabriel Sakellaridis avait dit à la télévision Antena espérer «la tenue imminente d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe)».

Mais «le processus d'évaluation du plan (grec) est très complexe», a rappelé M. Tusk, lors d'une conférence de presse aux côtés du chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

Après la négociation, la négociation se poursuit

Les deux parties «ont convenu d'intensifier le processus d'évaluation des comptes grecs («fact finding») à Athènes», selon une source gouvernementale grecque.

Une téléconférence des experts de la zone euro (Euroworking group) aura lieu mercredi, «une occasion de faire le point», a brièvement indiqué à Bruxelles une porte-parole de la Commission, Mina Andreeva. Selon une source européenne, «les négociations entre Athènes et Bruxelles vont continuer après la téléconférence».

Si Athènes misait sur un accord cette semaine ou au plus tard d'ici le début de la semaine prochaine, c'est que sa situation financière est limite, avec une obligation de rembourser 820 millions d'euros en créances diverses (principal et intérêts) en avril, dont 460 M EUR au FMI, et de renouveler 2,4 milliards d'euros de bons du Trésor, tout en faisant tourner l'État.

Le feu vert des créanciers sur la liste des réformes que la Grèce doit réaliser est une condition indispensable pour le déblocage d'une partie des prêts internationaux. L'UE et le FMI veulent s'assurer que le nouveau gouvernement de gauche radicale, qui ne cesse de prôner la fin de l'austérité, s'engage sur des réformes chiffrées, sans faire dérailler le budget, et en augmentant les recettes publiques.

«Dynamique constructive»

Après de nombreux allers-retours, la liste des réformes, plus concrète que dans sa version initiale, a finalement été envoyée le week-end dernier à Bruxelles. Elle inclut des mesures fiscales, de lutte contre diverses fraudes et des projets de privatisations, dont celle du port du Pirée, le tout censé rapporter 3,7 milliards d'euros par an.

Lors d'un débat au Parlement lundi soir, le premier ministre grec Alexis Tsipras a dit chercher «un compromis honnête» avec les créanciers. Il a cependant répété qu'il y avait des «lignes rouges» et que le gouvernement n'allait accepter ni «baisse des salaires et des retraites» ni «aucune mesure récessive».

Alexis Tsipras a estimé qu'il était «crucial que les recettes provenant de l'utilisation de la propriété publique ne soient pas jetées dans un gouffre sans fond pour le remboursement de la dette (...) mais placées là où le pays en a besoin, la sécurité sociale, la croissance (...)».

Mais Bruxelles ne semble pas avoir renoncé aux mesures les plus rigoureuses demandées initialement. «Ce serait mieux d'avoir une liste complète qu'une énième liste qui ne répond pas aux exigences», relève une source européenne, qui exclut actuellement le versement d'une partie de la tranche des prêts de 7,2 milliards d'euros, qu'Athènes attend impatiemment.

Plus conciliante, une autre source européenne a relevé mardi «qu'il y a du pain sur la planche», mais que «clairement les Grecs se sont mis dans une dynamique constructive, travaillent, et ça c'est très positif».