La production industrielle au Japon a chuté de 3,4% en février sur un mois, nouveau signe de faiblesse de l'économie nippone un an après une douloureuse hausse de taxe sur la consommation, a annoncé lundi le ministère de l'Industrie.

Les économistes anticipaient un recul d'un peu moins de 2%.

Cette statistique, la plus médiocre depuis juin 2014, témoigne de la fragilité de la reprise dans un archipel certes sorti de récession au quatrième trimestre, mais toujours confronté à une demande intérieure morose.

Le ministère reste néanmoins optimiste, jugeant que la production «montre des signes de progrès à un rythme modéré».

Les entrepreneurs avaient retrouvé le moral en décembre (+0,8%) et janvier (+3,7%), trouvant matière à se rassurer dans le dynamisme recouvré des exportations, dopées par l'affaiblissement du yen qui renforce la compétitivité à l'étranger des grandes firmes nippones.

Mais ils restent sur la réserve, alors que les Japonais ont encore restreint leurs dépenses en février (-2,9% sur un an), soit le 11e recul mensuel d'affilée.

Selon un sondage mené par le ministère, les industriels prévoient un nouveau déclin de la production en mars (-2%), avant un rebond de 3,6% en avril.

«Le redressement de la consommation des ménages a été lent après le relèvement de la TVA en avril 2014 et les exportations ne sont pas encore très solides», a expliqué Taro Saito, de l'institut de recherche NLI à Tokyo, cité par l'agence Bloomberg. La piètre statistique du jour «nous rappelle qu'il est sans doute trop tôt pour s'enflammer sur l'économie».

En février, la production industrielle a souffert d'une moindre fabrication de machines industrielles, d'équipements de transports, et de composants et appareils électroniques.

Les livraisons ont pour leur part fléchi de 3,4% sur un mois, tandis que les stocks ont augmenté de 0,5%.

Des analystes ont également mis en avant l'impact des congés du Nouvel An chinois, qui a entraîné un effondrement des ventes vers la Chine le mois dernier, ce qui s'est répercuté sur la production qui a coutume d'évoluer en dents de scie au gré de la conjoncture.

Quoi qu'il en soit, «les chiffres d'aujourd'hui confirment que l'économie a ralenti au premier trimestre 2015», a estimé Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics. Il table sur une croissance nulle du produit intérieur brut (PIB) cette année, comme en 2014, au pays des «Abenomics» - du nom de la stratégie de relance du premier ministre Shinzo Abe aux effets jusqu'ici plus que mitigés.

Dans ce contexte, l'inflation a marqué un coup d'arrêt en février, pour la première fois depuis mai 2013, mettant sous pression le gouvernement et la banque centrale, dont l'offensive monétaire lancée à l'époque semble avoir perdu son élan.

La Banque du Japon pourrait être obligée, de l'avis de nombreux observateurs, de procéder d'ici à la fin de l'année à une nouvelle extension de son programme de rachats d'actifs afin de parvenir à son objectif de progression des prix de 2%, qu'elle était censée initialement atteindre au cours du printemps.