L'Ukraine tente d'obtenir de ses créanciers un effacement d'une partie de sa dette pour se donner un peu d'air même si les discussions s'annoncent «compliquées», a assuré vendredi sa ministre des Finances Natalie Jaresko.

Depuis le 12 mars, Kiev a commencé des négociations avec ses créanciers privés et publics avec l'objectif de dégager 15 milliards de dollars d'allègement dans le cadre d'un plan d'aide international de 40 milliards de dollars sur quatre ans.

«Étant donné notre montant de dette publique [...], cette restructuration va être compliquée et va devoir requérir un mélange d'extension de maturité, de réduction du coupon [les intérêts] et du [montant] principal», a déclaré la ministre devant le centre de recherches Council on Foreign Relations à New York.

Affaiblie économiquement par le conflit à l'est, l'Ukraine devrait voir sa dette publique flamber à 94 % de son produit intérieur brut cette année contre 40,6 % en 2013.

Selon la ministre, Kiev et ses créanciers ont intérêt à ce que le pays revienne sur une trajectoire «viable» et «soit en position de rembourser sa dette». «Nous n'y sommes pas encore», a-t-elle reconnu, ajoutant que les discussions devront être achevées «rapidement», en mai.

Le Fonds monétaire international, qui contribue à hauteur de 17,5 milliards au plan d'aide, craint que certains créanciers du pays rechignent à accepter des pertes.

«Les créanciers ont naturellement feint d'être surpris» mais «jusqu'à maintenant, nous avons à peu près le sentiment que tout le monde nous soutient», a assuré Mme Jaresko.

La ministre a toutefois reconnu que le conflit à l'est faisait peser de nombreuses incertitudes sur l'issue des discussions et sur le scénario du FMI d'un retour à la croissance dès 2016.

«Il y a beaucoup de pièces du puzzle qui ne sont pas prévisibles [...]. C'est difficile de prédire si nous serons proches de ces prévisions s'il y a un choc extérieur ou si le cessez-le-feu ne tient pas», a-t-elle détaillé.

La ministre a également assuré ne pas savoir précisément qui étaient les détenteurs de la dette ukrainienne, échangeable sur les marchés, et notamment des 3 milliards de dollars prêtés par Moscou à Kiev en 2013 et qui doivent être remboursés d'ici à la fin de l'année.

«Dans beaucoup de cas, je ne sais pas qui détient la dette», a-t-elle ajouté.

Mme Jaresko, une Américaine naturalisée ukrainienne, a également appelé la communauté internationale à maintenir la pression économique sur Moscou, accusé de soutenir les séparatistes dans l'est de l'Ukraine.

«Tout regain de violence ou nouvelle violation du cessez-le-feu doit s'accompagner de nouvelles sanctions», a-t-elle déclaré, tout en redoutant des «divisions» entre Européens et Américains sur cette question.

«Nous voudrions que les sanctions en place soient maintenues et qu'il n'y ait pas de division dans le partenariat transatlantique», a-t-elle poursuivi.