Le chef de l'OCDE a salué vendredi le ralliement de plusieurs pays européens à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB) initiée par Pékin, estimant qu'ils seraient garants de sa bonne gouvernance selon des standards internationaux.

Emboîtant le pas au Royaume-Uni, Paris, Berlin et Rome ont annoncé de concert mardi leur intention de devenir «des membres fondateurs potentiels» de l'AIIB, dont l'objectif sera de financer des travaux d'infrastructures en Asie.

Le projet, dévoilé en octobre par la Chine,  se heurte aux réticences de Washington, qui redoute la concurrence portée à la Banque asiatique de développement (BAD), dominée par les États-Unis et le Japon, et s'inquiète ouvertement de standards de gouvernance au rabais.

En visite vendredi à Pékin, Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), s'est voulu conciliant.

«Le fait que certains pays européens s'associent désormais à ce projet me convainc encore davantage que (l'AIIB) sera dirigée de façon très professionnelle et transparente», a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse.

«Je ne vois pas pourquoi ces pays rejoindraient une institution qui ne serait pas gérée ainsi», a-t-il insisté. «Je ne crois pas que quiconque distribue des chèques de par le monde (sans contrôle). Il s'agit d'une banque».

Selon M. Gurria, «la sévérité, la rigueur, l'analyse de détail et la faisabilité pour chacun des projets financés et les politiques menées seront très comparables à ce que font les autres banques de développement».

La Chine a salué la décision du quatuor européen, estimant que les États-Unis prenaient le risque de se retrouver isolés.

L'AIIB - qui devrait être dotée d'un capital initial de 50 milliards de dollars - avivera certes les luttes d'influence dans le paysage déjà compliqué des institutions internationales de financement.

Mais sa création pourrait répondre au «très important déficit à moyen et long terme d'investissements dans les infrastructures», a souligné Angel Gurria.

«Tout mécanisme mis en place pour limiter ce manque d'investissement est évidemment le bienvenu», a-t-il relevé.

L'OCDE a par ailleurs diffusé vendredi sa nouvelle enquête sur l'économie chinoise, prédisant pour 2015 une croissance économique de 7% - en ligne avec l'objectif officiel fixé par Pékin, ce qui serait le plus bas niveau de croissance du géant asiatique depuis un quart de siècle.

Vantant ses efforts de rééquilibrage au détriment de l'industrie et au profit des services et de la consommation intérieure, le gouvernement chinois évoque volontiers la «nouvelle normalité» de ce vif ralentissement économique.

«Nous aimons cette "nouvelle normalité". Nous pensons que ce taux de 7% est plus durable», a commenté M. Gurria, pointant «une vitesse de croisière» permettant d'«éviter les distorsions et les bulles».

L'OCDE anticipe une croissance chinoise de 6,9% en 2016.

Dans un discours prononcé vendredi à Shanghai, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, s'est également félicitée des évolutions économiques en cours.

«Une croissance ralentie, mais plus sûre et plus durable est bonne pour la Chine et sa population, mais c'est aussi bon pour le monde», a-t-elle déclaré devant les étudiants de la prestigieuse Université Fudan.

En revanche, elle a mis en garde contre «les dangers» menaçant l'économie mondiale, aussi bien le resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et le renforcement du dollar, que la croissance très faible jointe à un niveau d'inflation extrêmement bas au Japon comme en zone euro.

«La reprise demeure fragile, car les risques restent considérables», a-t-elle averti. Le FMI avait déjà annoncé prévoir pour la Chine une croissance du PIB de seulement 6,8% cette année.