Le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a appelé dimanche à ne pas laisser de «petits problèmes insignifiants de liquidité» diviser l'Europe, dans une intervention à la télévision allemande marquée par la diffusion d'une vidéo qu'il a qualifiée de trucage.

«De petits problèmes insignifiants de liquidité ne doivent pas diviser l'Europe», a insisté le grand argentier grec, interviewé d'Athènes par un présentateur allemand très connu, Günther Jauch, dont le talk-show sur la chaîne de télévision publique ARD réunit tous les dimanches des millions de téléspectateurs.

Le très médiatique M. Varoufakis s'est prêté aux questions de M. Jauch et d'autres intervenants, dont un éditorialiste du journal populaire à grand tirage Bild, parti en campagne contre la Grèce, et un cacique du parti conservateur bavarois CSU, dans une atmosphère souvent tendue.

Le ministre grec a notamment qualifié de «trucage» un extrait de vidéo diffusé par la production de l'émission, qui le montre en train de faire un doigt d'honneur à l'Allemagne au cours d'une conférence à Zagreb en 2013. «Cela ne s'est pas produit», a-t-il déclaré à propos du geste, «le doigt (d'honneur) a été ajouté».

M. Jauch a promis en fin d'émission que des recherches seraient faites pour éclaircir ce point, qui soulevait les passions sur Twitter dans la soirée.

M. Varoufakis a appelé à «faire un pas en arrière dans la confrontation» entre l'Allemagne et la Grèce, à ne pas laisser s'installer «le chantage, les préjugés, les ressentiments entre nos deux fières nations». Les relations entre Berlin et Athènes sont extrêmement tendues, la Grèce voulant se libérer des mesures d'austérité qui accompagnent l'aide financière de ses partenaires européens, et le gouvernement d'Alexis Tsipras ayant remis au goût du jour le sujet des réparations de guerre dues selon lui par l'Allemagne.

«Je ne considère pas cela très inspiré de dire : "c'est réglé", les Grecs ne le ressentent pas comme cela», a dit à ce propos M. Varoufakis, précisant qu'il ne s'agissait «pas d'argent, mais d'une question morale». «Même un euro pourrait suffire», a-t-il ajouté. Pour Berlin, l'affaire est close.

Interviewé un peu plus tôt sur la même chaîne, le vice-président du groupe parlementaire social-démocrate (SPD) au Bundestag (chambre basse du Parlement allemand) Carsten Schneider avait estimé que les relations entre les deux pays étaient «à l'ère glaciaire». «Elles n'ont jamais été aussi mauvaises», avait ajouté le député, qui en impute la responsabilité à «des actions et des incompréhensions des deux côtés, et aussi des provocations».