Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a estimé mercredi que l'Espagne ne pouvait se déclarer délivrée de la crise tant que le chômage touchant 23,7% de la population active du pays ne redescendrait pas à des niveaux normaux.

«Le plus grand problème (de l'Espagne) c'est le chômage», a déclaré M. Juncker dans un entretien avec le quotidien El Pais, publié avant un sommet à Madrid mercredi soir entre la France l'Espagne et le Portugal sur les interconnexions énergétiques, auquel il participe.

«Avec ces taux élevés de chômage, et de chômage des jeunes en Espagne, bien que les choses s'améliorent nous ne pouvons pas dire aux gens, ni à nous-mêmes, que la crise est terminée. Ce qui est honnête, c'est de dire que nous continuerons à avoir de graves difficultés tant que le chômage n'aura pas retrouvé des niveaux normaux», a-t-il dit.

«Nous sommes au milieu d'une crise. Ce n'est pas fini"', a-t-il insisté alors qu'en Espagne encore un jeune sur deux n'a pas d'emploi, même si l'économie a retrouvé le chemin de la croissance, avec une hausse du PIB de 1,4% en 2014.

Le pays, brutalement plongé dans la récession après l'explosion de la bulle immobilière fin 2008, devrait croître au-dessus des 2% en 2015.

«Le gouvernement espagnol a réformé son économie. Il a pris les décisions compliquées. Il a approuvé des réformes structurelles même si l'on peut discuter de leur ampleur et de leur ambition. Il a résolu la crise bancaire», a-t-il cependant nuancé.

«Les réformes structurelles prennent du temps», a-t-il souligné, en invitant les citoyens à davantage de patience.

Les propos de M. Juncker interviennent alors que le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy est en pleine campagne pour son Parti populaire (droite) avant une année électorale très chargée, où il pourrait perdre la majorité, talonné par le parti antilibéral Podemos.

Dans ce contexte, M. Rajoy répète à qui veut l'entendre que la crise est terminée, sans nier que l'emploi est un point encore très noir.

M. Juncker a d'ailleurs estimé, que des formations comme Podemos, bien qu'elles aient le mérite de pointer du doigt les difficultés sociales, en les analysant avec «réalisme», étaient incapables, une fois au pouvoir de «tenir leurs promesses».