Le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble s'est montré intraitable lundi, déclarant que «si (la Grèce) veut notre aide, il faut un programme» en bonne et due forme, par opposition au financement d'urgence que réclame Athènes.

«S'ils veulent notre aide, il faut un programme» conclu avec les créanciers afin en particulier de libérer des financements de la Banque centrale européenne, a-t-il dit à quelques journalistes en marge d'une rencontre avec ses homologues du G20 à Istanbul.

«Je n'ai toujours pas compris comment le gouvernement grec veut s'y prendre», a-t-il asséné par ailleurs, en marge de ce sommet G20 Finances auxquels participent aussi les gouverneurs de banques centrales et les chefs de grandes institutions (FMI, OCDE).

«Ce n'est pas nous qui avons besoin d'un programme. L'Allemagne n'a pas besoin d'un programme. Je suis prêt à donner toute l'aide qu'on veut, mais si on ne veut pas de mon aide, très bien», a encore dit M. Schäuble.

La Grèce «est sous programme jusqu'à fin février. Je ne sais pas ce que les marchés feraient sans programme, mais peut-être que (le premier ministre Alexis Tsipras) sait mieux que moi», a ironisé M. Schäuble.

Il a aussi relevé, visiblement agacé, que le chef du gouvernement dominé par le parti de gauche radicale Syriza comptait «régler ses problèmes financiers en renégociant les accords de Londres. Mais c'était en 1953».

M. Tsipras a insisté dimanche dans un discours de politique générale sur «l'obligation morale et historique» de réclamer à l'Allemagne des indemnités de guerre, auxquelles elle a échappé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale en signant cet accord de Londres.

Il a aussi demandé le remboursement du prêt imposé par les nazis à la Banque de Grèce. Au total, il y en aurait pour l'équivalent de la moitié de la dette grecque.

Berlin et Athènes poursuivent donc leur dialogue de sourds à deux jours d'une réunion sous haute tension des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Les deux pays butent en particulier sur ce terme de «programme». Il désigne les accords passés avec les pays ayant bénéficié d'une aide financière européenne et internationale, comme la Grèce, ou encore le Portugal ou l'Irlande, en contrepartie d'une cure d'austérité et de réformes.

La Grèce, bénéficiaire depuis 2010 d'une aide de quelque 200 milliards d'euros, veut s'affranchir de ce «programme» conclu avec ses créanciers, lequel expire fin février. Elle réclame un financement «relais», le temps de présenter un plan de réformes et de désendettement.

Le pays, dans une situation sociale et économique très tendue, s'est lancé dans une course contre la montre financière: il ne peut emprunter de manière autonome sur les marchés et sa survie, sans aide internationale, ne tient pour l'instant qu'à une perfusion temporaire de la BCE.