Le gouvernement russe a rendu publiques mercredi ses premières mesures destinées à atténuer les effets de la crise économique et monétaire, prévoyant des économies budgétaires, des aides aux secteurs bancaire, de la défense et agricole ou encore une revalorisation des retraites.

Mis au point alors que sanctions occidentales et chute des cours du pétrole devraient plonger la Russie en lourde récession cette année, le plan comprend 60 mesures. Amené à être complété au printemps, il se pose comme objectif «le développement économique et la stabilité sociale» et prévoit pour financement une baisse des dépenses budgétaires de 5% par an pendant trois ans.

Pour autant, les prestations sociales et les dépenses liées à la défense, qui ont pris une importance croissante ces dernières années sous l'impulsion de Vladimir Poutine, seront épargnées.

Sans compter le plan d'aide aux banques annoncé et financé dès la fin 2014 mais repris dans le document, les mesures chiffrées représentent 1332 milliards de roubles (24,7 milliards de dollars CAN), qui seront puisées en partie dans le budget mais surtout dans les fonds où a été placée ces dernières années une partie des revenus des hydrocarbures.

Elles visent à «s'adapter aux nouvelles conditions» et à protéger les entreprises et les citoyens les plus fragiles, a expliqué devant les sénateurs le ministre des Finances, Anton Silouanov. Il a chiffré à 200 milliards de dollars le coût pour la balance des paiements des «chocs extérieurs» --sanctions et chute des cours du pétrole-- qui présentent «un caractère de long terme».

«L'une de nos principales tâches actuellement, c'est de ne pas dilapider nos réserves, la solidité financière que nous avons assurée ces dernières années», a souligné le ministre. «L'objectif, c'est de ne pas dépenser en une année» les réserves, qui représentent au total 137 milliards d'euros.

Du point de vue social, la partie par capitalisation des retraites sera revalorisée au 1er février de plus de 11%, le niveau de l'inflation en 2014, ce qui coûtera 188 milliards de roubles (3,5 milliardsCAN). Des fonds seront alloués au soutien du marché du travail.

Pour maintenir le financement de l'économie, en plus du plan de recapitalisation du secteur bancaire sur fonds publics de 1000 milliards de roubles (18,5 milliards CAN) déjà annoncé, d'autres injections sont prévues.

Il est notamment question d'allouer aux banques jusqu'à 250 milliards de roubles (6,1 milliards CAN) destinés précisément aux infrastructures ainsi que d'accorder 300 milliards de roubles (5,6 milliards CAN) à la banque de développement VEB pour des crédits aux acteurs économiques.

Le document envisage la création d'une structure de défaisance pour les créances douteuses («bad bank») qui menacent de s'accumuler dans les comptes des banques alors qu'elles sont déjà fragilisées par l'effondrement du rouble. Un tel mécanisme a été utilisé par certains pays européens ces dernières années.

Le secteur agricole se voit allouer 50 milliards de roubles (927millions CAN) d'aide supplémentaire, en plus des fonds déjà débloqués pour l'aider à compenser l'embargo décrété sur les produits alimentaires européens et américains à cause de la crise ukrainienne.

Parmi les autres mesures, le gouvernement prévoit notamment d'aider le secteur de la défense à compenser les pertes causées par le renchérissement des importations, des subventions pour certains crédits ou encore de subventionner certaines liaisons aériennes intérieures non rentables.

Les autorités ont prévenu que si le pétrole restait à son prix actuel, le produit intérieur brut de la Russie pourrait chuter jusqu'à 5% cette année, contre une croissance évaluée autour de 0,6% l'an dernier.