L'euro a chuté ponctuellement à Tokyo à son plus bas niveau depuis 11 ans lundi et les Bourses asiatiques étaient en retrait après la victoire électorale d'un parti anti-austérité à Athènes, les marchés s'inquiétant de sa volonté de renégocier l'énorme dette grecque et d'une éventuelle sortie de la zone euro.

Parallèlement, les cours du pétrole ont recommencé à glisser après avoir rebondi vendredi à la suite de l'annonce du décès du roi Abdallah d'Arabie saoudite.

Les Grecs ont donné une victoire historique au parti de gauche radicale Syriza, en espérant «laisser derrière eux» la politique d'austérité dictée au pays par la troïka (Banque centrale européenne, Union européenne et Fonds monétaire international) depuis quatre ans, en échange de 240 milliards d'euros de prêts pour sauver le pays de la faillite.

Alexis Tsipras devient le premier dirigeant européen élu sur le rejet explicite des politiques difficiles imposées par l'UE à ses membres après la crise, alimentant sur les marchés les craintes d'une sortie de la zone euro.

Le Premier ministre britannique David Cameron s'est ouvertement inquiété, sur son compte Twitter, d'une élection grecque qui «accroîtra l'incertitude économique en Europe».

La monnaie européenne s'est affichée brièvement à 1,1098 dollar à 08h50 à Tokyo, son plus faible cours depuis septembre 2003. L'euro est cependant remonté dans les minutes suivantes jusqu'à 1,1200 dollar.

La devise commune a aussi connu un nouvel accès de faiblesse vis-à-vis de la monnaie nippone, à 130,14 yens à 08h50, cours qui n'avait pas été vu depuis septembre 2013, avant de remonter à 131,88 yens une demi-heure plus tard.

Simultanément, le billet vert s'est momentanément un peu déprécié face à la monnaie japonaise, avec un cours à 117,26 yens à 08h50, puis un rebond à 117,79 dans les trente minutes suivantes.

«La pression sur l'euro va se poursuivre puisque les Grecs ont rejeté l'austérité, accentuant la possibilité que la Grèce quitte la zone euro», a commenté à Tokyo Toshiya Yamauchi, analyste chez Ueda Harlow Ltd, cité par l'agence Bloomberg News. «Les marchés sont sensibles au risque».

Bourses asiatiques en repli 

D'autres estiment cependant peu probable une telle hypothèse. «Nous pensons toujours que la Grèce va rester dans la zone euro», déclarait Elsa Lignos, de RBC Capital Markets. «Ce qui, ajouté à une reprise économique dans cette zone au second semestre, va donner à l'euro un profil en +V+ pour 2015».

La monaie unique européenne avait déjà accusé le coup la semaine dernière après l'annonce par la BCE de son programme de stimulation de l'économie, avec des rachats de dette publique et privée échelonnés à raison de 60 milliards d'euros par mois à partir de mars 2015, soit davantage que les 50 milliards escomptés par le marché. Version moderne de la planche à billets, ces programmes d'«assouplissement quantitatif» sont souvent désignés par l'acronyme anglo-saxon «QE».

Les Bourses asiatiques étaient en repli lundi dans la matinée. Tokyo perdait 0,63%, Hong Kong cédait 0,17%, Shanghai 0,29% tandis que Séoul reculait de 0,11%. La place de Sydney était fermée pour cause de fête nationale.

Les cours du pétrole étaient à l'unisson. Le  baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars reculait de 63 cents, à 44,96 dollars le baril dans les premiers échanges. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance perdait 52 cents, à 48,27 dollars.

Le pétrole avait rebondi vendredi après l'annonce de la mort du roi d'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, en raison des incertitudes quant à la politique pétrolière du royaume. Mais le nouveau monarque, Salmane ben Abdel Aziz a vite douché les espoirs des marchés, annonçant qu'il n'y aurait pas de changement.

Les cours du pétrole ont perdu plus de 50% depuis juin 2014, dans un contexte d'abondance de l'offre et de faiblesse de la demande internationale alors que l'OPEP refuse de réduire sa production.