Les craintes d'une déflation en zone euro sont «totalement exagérées» et servent surtout de prétexte à la Banque centrale européenne (BCE) pour adopter de nouvelles mesures non conventionnelles, a jugé mercredi l'ancien chef économiste de l'institution monétaire Jürgen Stark.

«Le débat sur un danger de déflation est totalement exagéré», a affirmé, dans un entretien au quotidien Handelsblatt, Jürgen Stark, considérant la faiblesse actuelle des prix en zone euro essentiellement due à la baisse des prix du pétrole.

L'ancien économiste en chef de la BCE, qui avait démissionné en 2011 en désaccord avec les mesures exceptionnelles décidées par la BCE pour lutter contre la crise, considère de ce fait «complètement injustifié» de tirer à partir des seuls chiffres d'inflation «des conclusions de politique monétaire très graves».

Il est très fortement attendu que la BCE, lors de sa réunion de politique monétaire de jeudi, décide d'un vaste programme de rachats d'actifs, appelé programme d'assouplissement quantitatif (QE en anglais), pour relancer la dynamique des prix et l'économie européenne. Une méthode contestée par certains qui y voient une entrave au mandat de la BCE, qui lui interdit spécifiquement de faire tourner la planche à billets pour financer les États.

«La BCE veut abaisser les coûts de refinancement de certains pays. C'est quelque chose de tout à fait différent de la politique monétaire traditionnelle», estime Jürgen Stark, qui considère que «les limites de ce que la politique monétaire peut faire pour lutter contre la crise ont été depuis longtemps dépassées».

«Une politique monétaire encore plus accommodante n'aura ni d'impact sur l'économie réelle ni la capacité de faire remonter rapidement les taux d'inflation», affirme l'ancien banquier central.