Le Parlement ukrainien a approuvé lundi un budget d'austérité qui augmente les crédits défense et sécurité tout en réduisant les allocations sociales pour obtenir l'aide financière cruciale du Fonds monétaire international.

Ce budget controversé a été approuvé lundi à l'aube avec 233 voix alors qu'un minimum de 226 voix était requis, à l'issue de débats et consultations marathon ayant duré plus de douze heures.

Plusieurs députés ont dénoncé la manière dont le budget et les lois fiscales l'accompagnant ont été votés, nombre d'entre eux disant ne pas avoir vu les textes qui ont simplement été présentés oralement par le premier ministre Arseni Iatseniouk dans la nuit de dimanche à lundi.

«Le Parlement a été violé pour faire passer le budget», a écrit Serguiï Lechtchenko, député du parti présidentiel Bloc Porochenko sur son compte Facebook.

«On ne sait pas trop ce qu'il y a dedans, car personne n'a vraiment vu ce budget», a renchéri un haut responsable ukrainien sous couvert de l'anonymat interrogé par l'AFP.

L'approbation du budget avant la fin de l'année était l'une des conditions pour l'octroi de la prochaine tranche posée par le FMI dont une nouvelle mission est attendue à Kiev le 8 janvier.

La situation économique de l'Ukraine a été abordée lors d'un entretien téléphonique du président russe Vladimir Poutine et la directrice générale du Fonds monétaire International, Christine Lagarde, a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

M. Poutine a «espéré que le FMI continue à aider l'Ukraine», selon la même source.

Les dépenses prévues pour la défense et la sécurité devaient pratiquement quintupler à presque 5 % du PIB, contre environ 1 % en 2014, pour atteindre, selon le gouvernement, 90 milliards de hryvnias (3,8 milliards d'euros).

«C'est un niveau sans précédent», s'est félicité le premier ministre Arseni Iatseniouk alors que le pays a perdu la Crimée, rattachée en mars par la Russie, et fait face à un conflit armé meurtrier dans l'Est séparatiste prorusse depuis avril.

«Deux nouvelles, une bonne et une mauvaise», a pour sa part commenté Valeri Tchaly, conseiller diplomatique du président Petro Porochenko.

«Mon salaire comme celui des autres fonctionnaires a été réduit de façon radicale (...) Mais le budget a finalement été approuvé et 90 milliards de hryvnias seront dépensés pour la défense», a-t-il commenté.

Le président Petro Porochenko s'est personnellement rendu au Parlement pour convaincre les députés les plus récalcitrants de son parti d'approuver le texte très critiqué.

Un millier de personnes ont manifesté dimanche devant le Parlement pour protester contre l'introduction de mesures douloureuses prévues par le budget dans cette ex-république soviétique, un des pays les plus pauvres d'Europe et qui est en proie à une grave crise économique.

«Ce sera une année draconienne», a commenté Oleg Bereziouk, député du parti pro-occidental Samopomitch.

Les textes ont été approuvés après la promesse de M. Iatseniouk d'adoucir certaines clauses en février après les discussions avec la mission du FMI.

Une des clauses les plus impopulaires concerne l'introduction d'un impôt supplémentaire de 5 % à 10 % sur la quasi-totalité des importations.

Les autorités vont également introduire un impôt de 15 % sur les retraites «élevées», c'est-à-dire supérieures à 3600 hryvnias (moins de 200 euros) et un impôt sur l'immobilier concernant les appartements de plus de 60 m2 et maisons de plus de 120 m2.

Le parlement a aussi voté l'annulation à partir de juillet des avantages sociaux notamment pour les médecins et instituteurs.

Enfin, les députés ont approuvé une réduction longtemps attendue des charges patronales de 41 % à 16,4 % pour les salaires dépassant 3600 hryvnias.

«C'est un pas risqué» qui pourrait augmenter le déficit du fonds des retraites «mais de l'autre côté, il ouvre des possibilités pour lutter contre l'économie souterraine», a commenté sur sa page Facebook le député Anton Guerachtchenko du parti progouvernemental Front Populaire.