La chute actuelle des prix du pétrole et des matières premières va permettre à l'économie de la zone euro de repartir «plus vite qu'on ne le croit», a estimé mercredi un haut responsable du secteur de la banque HSBC, écartant un risque déflationniste.

«Je crois que ça va avoir un effet favorable assez rapide, plus rapide qu'on ne le croit», a affirmé Jean-François Lambert, le responsable mondial des financements des matières premières de la banque, interrogé lors d'une rencontre avec la presse sur les conséquences de la chute du cours du pétrole sur la zone euro.

Le banquier anticipe un «effet favorable sur l'économie mondiale dans deux à trois ans» et écarte un risque de déflation pour la zone euro, où la croissance stagne et l'inflation a ralenti à 0,3% en novembre.

«Il faut remettre les choses en perspective: l'économie mondiale croît aujourd'hui et ce sont les vieilles économies (Europe et États-Unis) ainsi que la Chine qui sont le moteur de la croissance mondiale et qui créent de la valeur», a-t-il précisé.

«Il y a donc de la croissance et de la richesse et je rappelle qu'il s'agit là de pays consommateurs d'énergie.» Dans ces conditions, «si vous m'expliquez que le vrai problème, c'est de la déflation, je ne comprends pas», a-t-il assuré.

Selon M. Lambert, «les pays consommateurs de pétrole, de minerai de fer et de matières premières vont progressivement voir se reconstituer une capacité concurrentielle plus forte (...). Avec des matières premières qui se stabilisent à moins de 30% par rapport à l'année dernière, il y a dans les pays consommateurs une reconstitution majeure de capacité de compétitivité», a-t-il souligné.

Le banquier a attribué la chute du cours du pétrole à des questions de géopolitique. «En laissant filer les prix, l'Arabie saoudite coupe les jambes à des producteurs qui étaient en aspiration de normalisation comme l'Iran», a-t-il constaté.

Pour M. Lambert, le marché n'a toujours pas trouvé le seuil pour le cours du pétrole, car il ne dispose pas pour l'instant de suffisamment d'information «et de discours rassurants». «Il est donc très nerveux et aspire à plus de baisse parce qu'il n'a pas vu la résistance», a-t-il affirmé.

«S'il n'y a pas de crise géopolitique plus grave qu'aujourd'hui, je pense que l'économie appelle à un prix de pétrole un peu moindre, d'autant que le dollar s'est apprécié», a-t-il ajouté, soulignant que la hausse de la devise américaine a «amorti» la chute du pétrole.

«Je ne crois pas que l'on va revenir à 100 (dollars). Il va falloir du temps pour que l'équilibre se reforme», a assuré le banquier.