La bourse de Buenos Aires a fortement baissé jeudi, pour la 2e journée consécutive, après la démission mercredi du gouverneur de la Banque centrale qui fait craindre aux marchés un plus grand contrôle de l'État.

Mercredi, l'indice Merval de la bourse de Buenos Aires avait perdu 8% à la clôture, et il a chuté de 7% jeudi.

Le gouverneur de la Banque centrale de la République argentine (BCRA) depuis le 18 novembre 2013, Juan Carlos Fabregas, a été remplacé mercredi soir par Alejandro Vanoli, fidèle de la présidente de centre-gauche Cristina Kirchner.

Juan Carlos Fabrega a annoncé son départ au lendemain d'un discours de Cristina Kirchner qui avait évoqué des fuites de la BCRA exploitées par des banques argentines.

Avec la nomination d'Alejandro Vanoli, les marchés craignent encore plus de régulation dans un pays où l'État intervient régulièrement dans l'économie.

Pour éviter la fuite de devises, le gouvernement a notamment établi en 2011 un contrôle des changes limitant l'accès au dollar.

Le chef du gouvernement argentin Jorge Capitanich a assuré jeudi que la 3e économie d'Amérique latine n'allait pas modifier sa politique.

D'après la Deutsche Bank, il faut s'attendre avec le nouveau gouverneur à «une plus grande expansion monétaire, plus de contrôle, une chute du peso et un approfondissement de la récession».

Pendant les mandats de Nestor Kirchner (2003-2007) et de sa veuve Cristina Kirchner (2007-2015), cinq gouverneurs se sont succédé à la tête de la BCRA.

«L'erreur vient des politiques économiques, souligne l'ancien gouverneur de la BCRA Martin Redrado. Utiliser la BCRA comme une tirelire du gouvernement n'est pas viable. Allez, on casse la tirelire, on sort l'argent, les devises, cela génère plus d'inflation».

M. Redrado (2004-2010) avait été écarté pour avoir refusé de puiser dans les réserves pour rembourser la dette et ses intérêts.

Depuis 2011 notamment, l'Argentine a puisé dans ses réserves pour faire face aux échéances de la dette et les réserves de devises sont passées de plus de 50 milliards de dollars à 28 actuellement.

L'Argentine traverse actuellement des turbulences économiques. Elle doit régler un litige avec des fonds «vautours» américains portant sur la dette souveraine, l'inflation devrait dépasser 30% en 2014, les producteurs agricoles et industriels réclament une dévaluation pour être plus compétitifs et les importateurs demandent plus de souplesse au gouvernement.