Le PDG de la plus grande banque russe, Sberbank, a mis en garde jeudi Moscou contre la répétition des erreurs de l'Union Soviétique dans sa politique économique, en avertissant que le pays risquerait sinon de subir le même sort que la défunte union.

«Pourquoi l'Union Soviétique s'est dissoute?», a lancé German Gref, ex-ministre de l'Économie russe, lors d'un forum annuel d'investissement qui se tient Moscou.

«Il y a une raison principale qui a déterminé tout le reste: une incompétence frappante des dirigeants soviétiques. Ils n'ont pas respecté les lois du développement économique», a-t-il estimé, devant des investisseurs russes et étrangers.

Selon M. Gref, la situation économique en Russie d'aujourd'hui ressemble beaucoup à celle de l'URSS, qui faisait face à la fois à des prix du pétrole très élevés et à d'«importants problèmes structurels».

«Nous ne pouvons pas permettre la même situation», a souligné M. Gref, en appelant la Russie à tirer les leçons du passé.

«Les gens ne peuvent pas créer de produits innovants quand ils ne comprennent pas la politique économique actuelle et le climat d'investissement», a-t-il ajouté.

«Nous n'avons pas assez de concurrence. La moitié de notre économie est monopolisée», a-t-il encore dénoncé.

Pour sa part, le ministre russe de l'Économie Alexeï Oulioukaïev s'est alarmé face à une «situation explosive» de l'économie russe, alors que l'inflation est attendue cette année à environ 8% et que la croissance du PIB devrait être inférieure à 1,0%.

Depuis le début de l'année, l'UE et les États-Unis ont introduit à plusieurs reprises des sanctions contre la Russie qu'ils accusent de souffler le chaud et le froid dans le conflit dans l'est de l'Ukraine.

La Russie a riposté à ces sanctions en décrétant un embargo sur les importations des produits alimentaires en provenance des pays qui la sanctionnent.

Cette décision de Moscou a aussitôt provoqué une hausse des prix en Russie et une chute du rouble qui s'est accélérée après l'annonce en septembre de poursuites judiciaires contre le milliardaire russe Vladimir Evtouchenkov, accusé de blanchiment d'argent et assigné à résidence.