L'agence de notation financière Moody's a confirmé vendredi la note de solvabilité financière de la France à «Aa1» et maintenu sa perspective «négative» suggérant qu'elle pourrait l'abaisser ultérieurement, a-t-elle annoncé dans un communiqué.

Moody's a souligné que la note de crédit de la France restait solide en dépit de pressions budgétaires et fiscales significatives.

«En dépit de pressions négatives sur le crédit, le pays conserve des forces significatives, notamment la taille et la santé de son économie ainsi qu'un fardeau de la dette soutenable en dépit d'une érosion continue et graduelle de sa solidité économique et budgétaire», note le communiqué.

«La confirmation de la note est aussi soutenue par l'engagement renouvelé du gouvernement à accélérer le rythme des réformes structurelles et à introduire une approche plus consistante dans sa politique économique ainsi que de mettre en oeuvre un programme d'économies budgétaires», a souligné Moody's.

Une perspective négative veut toutefois dire que Moody's pourrait abaisser cette note dans un délai allant jusqu'à 18 mois si la situation venait à s'aggraver.

«La décision de maintenir une perspective négative reflète l'opinion de l'agence que les risques associés à la mise en oeuvre du programme de réformes structurelles du gouvernement sont significatifs en raison de la force des résistances politiques qu'elle pourrait susciter et les expériences malheureuses pour appliquer de telles réformes dans le passé», souligne Moody's à ce propos.

Pour cette raison, l'agence a également maintenu une perspective négative sur les notes «Aa1» de la Société de Financement de l'économie française (SFEF) et la Société de prise de participation de l'État (SPPE).

Jeudi, le journal L'Opinion avait assuré que Moody's avait informé le gouvernement français d'une baisse imminente de la note du pays.

Une «information erronée», «éthiquement répréhensible» et qui «a eu un impact sur les marchés financiers», s'était ému vendredi le ministre des Finances Michel Sapin qui a demandé à l'Autorité des marchés financiers d'enquêter sur cette information qui s'est donc révélée fausse.

Moody's a précisé qu'il ne prévoyait qu'une croissance de 0,4% en France en 2014 et de 0,9% en 2015 mais une accélération ensuite progressive pour atteindre 1,4% d'ici 2018.

«Si la faiblesse de l'environnement économique en zone euro a contribué à la performance décevante de la France, le taux de croissance du pays a décliné régulièrement ces dernières années, passant d'environ 2% dans les années précédant la crise financière à environ 1% dans les quatre années qui ont suivi», souligne-t-on de même source.

«Ce recul reflète une perte graduelle de compétitivité comme en témoignent le recul de la part des exportations depuis dix ans (...) et des rigidités dans l'économie française auxquelles ne se sont pas attaqués les précédents gouvernements», ajoute Moody's.

Le ministère français de l'Économie, de l'Industrie et des finances a affirmé en réagissant à la décision de Moody's que «la trajectoire de redressement des comptes publics du pays a été impactée par la faiblesse de la croissance et de l'inflation».

«Mais la France a convaincu de sa détermination et de sa capacité à réformer notre pays», a-t-on ajouté de même source, en indiquant que le ministre de l'Économie Emmanuel Macron avait reçu les analystes de Moody's avant que leur décision ne soit arrêtée, de manière à leur présenter «l'esprit des réformes» envisagées par le gouvernement français «pour redresser notre économie».

«La clarification de la ligne politique du gouvernement est explicitement soulignée par Moody's», affirme le ministère dans un communiqué et «sa décision témoigne des atouts de notre économie et souligne notre volonté de faire avancer les réformes dans notre pays».