La production industrielle en Chine a ralenti en juillet, tandis que le volume des prêts bancaires s'effondrait sur fond de refroidissement de l'immobilier --avivant les craintes que le récent regain de vigueur de la deuxième économie mondiale ne s'essouffle.

La production industrielle a gonflé de 9% sur un an le mois dernier, a annoncé mercredi le Bureau national des statistiques (BNS).

Ce chiffre correspond exactement à la prévision des analystes interrogés par l'agence Dow Jones, mais s'établit en deçà de la progression de 9,2% enregistrée en juin --ce qui met un terme à plusieurs mois d'accélérations consécutives.

Et signal jugé inquiétant par les analystes: le volume des nouveaux prêts accordés par les banques chinoises s'est effondré en juillet.

Les établissements bancaires ont accordé 385 milliards de yuans (68,4 milliards de dollars CAN) de nouveaux prêts le mois dernier, contre 1080 milliards de yuans en juin, a indiqué également mercredi la banque centrale chinoise (PBOC .

Ce niveau, quasiment moitié moins qu'attendu par les analystes, représente une chute de 45% par rapport à juillet 2013.

Cette baisse drastique des prêts bancaires peut s'expliquer par «une faiblesse de la demande de crédit dans l'économie réelle», a observé Wang Tao, analyste de la banque UBS.

La PBOC elle-même a mis en avant les «pressions négatives sur l'économie» et en particulier «les ajustements» du secteur immobilier, qui connaît un refroidissement marqué après des années de surchauffe.

Refroidissement contagieux de l'immobilier

Les prix moyens des logements neufs ont reculé sur trois mois consécutifs, ce qui a poussé des promoteurs à suspendre voire annuler certains projets. Les ventes immobilières sur les sept premiers mois de l'année ont chuté de 10,5% par rapport à 2013, a précisé le BNS mercredi.

Or, construction et immobilier représentent, directement et indirectement, plus de 30% du PIB chinois selon certaines estimations.

«Un tel effondrement du volume des prêts bancaires correspond peu ou prou à un resserrement de la liquidité», ce qui pourrait renchérir le coût du crédit et «mettre en péril les objectifs macroéconomiques de la Chine», ont averti les experts de la banque australo-néozélandaise ANZ.

De leur côté, les ventes au détail ont progressé le mois dernier de 12,2% sur un an, marquant là aussi un léger ralentissement de la consommation des ménages par rapport à la hausse de 12,4% en juin.

Quant aux investissements en capital fixe --qui reflètent les dépenses dans les infrastructures-, ils ont grossi de 17% sur un an sur les sept premiers mois de l'année, en deçà de la progression enregistrée au premier semestre (+17,3%).

Maintien des mesures de relance

«La dynamique de reprise de la croissance est retombée en juillet (...) et la faiblesse du secteur immobilier devrait continuer de plomber l'économie» sur le reste de l'année, ont commenté les économistes de la banque RBS.

Le gouvernement devrait donc «continuer les mesures de soutien poursuivies ces derniers mois», ont-ils estimé.

Alors que la croissance économique chinoise était descendue à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, Pékin avait introduit à partir d'avril des mesures pour stimuler l'activité. Ce qui avait permis une embellie et une légère remontée (à 7,5%) au deuxième trimestre.

Le gouvernement avait adopté des réductions fiscales, des facilités pour doper les investissements dans les infrastructures, et avait procédé à des assouplissements très ciblés de politique monétaire pour encourager les prêts aux petites entreprises et au secteur rural.

Selon Wang Tao, l'économiste d'UBS, la chute des prêts en juillet témoignerait donc plutôt des facteurs conjoncturels extérieurs plutôt que d'un resserrement des conditions de crédit par la PBOC... d'autant que le volume des prêts avait fortement bondi en juin.

Et de l'avis général, si la PBOC se montre toujours déterminée à endiguer «la finance de l'ombre» --firmes de crédit non régulées-- pour éviter toute nouvelle embardée de l'endettement, elle devrait éviter tout durcissement susceptible de pénaliser l'économie.

Au contraire, si Pékin veut atteindre son objectif d'une croissance de 7,5% pour l'ensemble de l'année, des assouplissements plus importants de sa politique monétaire seront inévitables, ont estimé les analystes d'ANZ.

Ceux-ci tablent sur un abaissement «imminent» des taux de réserves obligatoires des banques... afin de les inciter à ouvrir plus grand les vannes du crédit.