Le FMI continue de considérer la viabilité de la dette grecque comme un sujet d'«inquiétude sérieux» en raison d'incertitudes sur l'évolution de l'économie du pays à moyen terme, même si celle-ci a fait des «progrès», selon son rapport publié mardi.

«La soutenabilité de la dette grecque reste une inquiétude sérieuse», explique le FMI, ajoutant plus loin dans le texte que «les risques sur la dette publique demeurent significatifs».

«Après un point culminant à 174% du PIB cette année, la dette devrait décliner à 128% en 2020 et 117% en 2022», estime le FMI attribuant cette évolution à «la poursuite de l'ajustement fiscal, l'amélioration de la situation économique» et surtout au pari d'obtenir un excédent budgétaire primaire -hors charge de la dette- de 4% du PIB ainsi qu'un «taux de croissance relativement élevé» pendant plusieurs années d'affilée.

Or une telle performance est ambitieuse compte tenu des fragilités persistantes de l'économie grecque, observe ce rapport publié à l'issue de la cinquième mission d'audit des comptes du pays, menée entre mars et mai.

Compte tenu de ces fragilités, le Fonds réitère son appel à une intervention de la zone euro: «il est essentiel que les partenaires européens de la Grèce réaffirment leurs engagements sur la gestion de la dette en se tenant prêts à octroyer un allègement supplémentaire pour la maintenir dans les rails».

Une intervention d'autant plus nécessaire que le FMI signale un trou de financement pour la Grèce à partir de mai 2015: selon ses tableaux, il s'élève à 12,6 milliards d'euros.

«Des mesures supplémentaires seront nécessaires pour boucler les trous prévus en 2015-2016», affirme le Fonds.

Les «risques» qui pèsent sur l'économie grecque sont encore nombreux, souligne le rapport: «faiblesse» des exportations hors secteur touristique, à la différence de pays comme l'Espagne ou le Portugal ; «montagne de créances douteuses» qui handicapent la croissance en immobilisant des liquidités, potentiel «d'instabilité politique intérieure», notamment lié à «une fatigue de l'ajustement».

S'y ajoutent des revenus des privatisations moins élevés qu'attendus (1 milliard contre 1,6 attendu en 2013, objectif revu à 1,5 milliard en 2014 au lieu de 2,7), libéralisation du marché du travail non aboutie, secteur public «exceptionnellement inefficace», bien qu'amputé de 19% de ses agents depuis 2010.

Points positifs: un ajustement budgétaire «sans aucune comparaison internationale», un retour des investisseurs, des progrès dans la lutte contre l'évasion fiscale.

Mais «la fatigue de l'ajustement est désormais évidente et les 'dividendes sociaux' autant que l'absence de nouvelles mesures promis par les leaders politiques laissent penser que les engagements à progresser vers une réduction de la dette vont être soumis à forte pression», estime le FMI selon lequel il n'y a «aucune marge pour des hausses de salaires ou de retraites» avant les législatives de 2016.

Illustration: Athènes a réaffirmé mardi dans un communiqué que le «trou financier sera comblé» grâce au recours à plusieurs instruments financiers dont des prêts Repo et de nouvelles émissions d'obligation à moyen terme, mais pas «par des mesures d'austérité supplémentaires».

Fin 2009, au démarrage de la crise, la dette grecque s'élevait à 130 % du PIB, grimpant à 170% en 2011 avant que l'effacement de dette auquel ont consenti les créanciers privés en 2012 la fasse provisoirement redescendre à 157% du PIB.

Guikas Hardouvelis, nouveau ministre des Finances grec nommé lundi lors d'un remaniement ministériel, doit entamer cet automne ces délicates discussions sur la réduction de la dette, essentiellement détenues par les banques centrales européennes.

Cet allègement pourrait passer par une baisse des taux d'intérêt des prêts en cours et un allongement de leurs échéances.

Berlin a récemment remis sur la table l'hypothèse d'un troisième plan d'aide à la Grèce, d'un volume inférieur à 10 milliards d'euros pour combler les besoins de financement du pays.

Athènes est sous perfusion financière de l'Europe et du FMI depuis 2010, sous la forme de deux plans d'aide successifs, soit 240 milliards d'euros de prêts accordés en échange de profondes réformes et coupes budgétaires qui ont asphyxié l'économie du pays.