Une semaine après les policiers, plusieurs milliers de militaires portugais en civil sont descendus samedi dans les rues de Lisbonne pour protester contre les nouvelles coupes dans leurs revenus prévues dans le budget 2014.

Entre 4000 et 5000 manifestants, selon les organisateurs, ont défilé derrière des banderoles dénonçant «l'humiliation» des militaires et des tentatives de «démantèlement des forces armées».

Le cortège a démarré au son de la chanson E depois do Adeus (et après les adieux) de Paulo de Carvalho, qui avait donné le signal de départ de la Révolution des Oeillets le 25 avril 1974.

Les manifestants agitaient des drapeaux noirs pour attirer l'attention sur la «réalité dramatique» vécue selon eux par de nombreux militaires qui n'arrivent plus à faire face aux dépenses familiales.

«La situation des militaires se dégrade de jour en jour. Ils sont toujours plus nombreux à ne plus pouvoir payer leur loyer, financer l'éducation de leurs enfants ou rembourser leurs prêts», a commenté à l'AFP Manuel Pereira Cracel, président de l'Association des officiers des forces armées (AOFA).

Après presque 40 ans de service, ce colonel a vu son salaire baisser à 1800 euros nets par mois, soit 700 euros de moins qu'en 2010, avant le début du programme de rigueur au Portugal.

«C'est une atteinte à notre dignité. Les hommes politiques d'aujourd'hui sont totalement insensibles à notre sort», a-t-il poursuivi, témoignant ainsi d'un malaise grandissant parmi les militaires.

Ce mécontentement est également palpable dans les rangs des forces de l'ordre. Plus de 15 000 policiers en colère, selon les organisateurs, avaient manifesté le 7 mars à Lisbonne, dans un climat de grande tension qui tranche avec le calme affiché par les militaires.

En contrepartie d'un prêt international de 78 milliards d'euros accordé en mai 2011, le Portugal est tenu d'appliquer une sévère cure de rigueur budgétaire, qui s'est traduite par des coupes sévères dans les salaires et retraites des fonctionnaires.

Afin de se plier aux exigences de la troïka (UE-FMI-BCE) de ses créanciers, le gouvernement tente de ramener le déficit public à 4% du PIB cette année.