Recul sur les marchés extérieurs, chômage à la hausse, chute des investissements... la France se porte toujours plus mal pendant que ses voisins, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni, se remettent en marche.

C'est maintenant acquis: François Hollande a perdu son pari. Non seulement la courbe du chômage en France n'a pas été inversée, comme le président français l'avait promis il y a 15 mois, mais le nombre de chômeurs - à 3,3 millions - a atteint à la fin de 2013 un sommet.

Le coup est d'autant plus dur pour son gouvernement que, hormis l'échec sur le front de l'emploi, la liste des problèmes dans l'Hexagone s'allonge... sans même parler des ennuis conjugaux du président français.

Le portrait économique du pays, que brossent les seules données publiées la semaine dernière, est inquiétant sur presque tous les fronts.

En commençant par le secteur industriel. En quatre ans, l'industrie française a perdu près de 150 000 emplois, nous a appris l'observatoire Trendeo dans une étude. Un bilan déprimant qui donne «très peu de signes positifs», souligne le document.

Trois phénomènes viennent étayer ce diagnostic.

D'abord, la contraction du tissu industriel - qui s'est amorcée il y a 20 ans - s'est poursuivie en 2013. Même si les fermetures d'usines ont légèrement ralenti (à 263 contre 267 l'année précédente), les ouvertures ont dans le même temps chuté de 28%.

Résultat: le solde négatif s'est creusé avec une perte nette de 139 usines (contre 95 en 2012).

Deuxième signal préoccupant: «Les activités de R et D ont supprimé plus d'emplois qu'elles n'en ont créés» l'an dernier, soit 1165 contre 1027. Et les créations de postes dans ce domaine clé sont en forte baisse, car elles avaient atteint 6600 en 2012. Or, souligne le rapport, «il est difficile d'initier des stratégies de montée en gamme sans s'appuyer sur de la recherche».

Troisième source d'inquiétude, les destructions d'emplois touchent aussi les secteurs de pointe, comme l'informatique et le pharmaceutique.

Ainsi, Alcatel - deuxième dépositaire de brevets du pays, selon le journal Le Monde - a éliminé plus de 500 emplois en recherche l'an dernier. Les géants de l'automobile, PSA Peugeot et Renault, ont aussi réduit leurs effectifs en R et D.

Les étrangers investissent ailleurs

On a beau scruter le panorama économique en ce début 2014, on y voit peu d'éclaircies. Pire, les chiffres donnent plutôt raison aux tenants de la thèse du «déclin français» dans l'arène mondiale.

Ainsi, les investissements directs étrangers (IDE) - signe de la confiance des investisseurs envers un pays - ont chuté de 77% en 2013! (à 5,7 milliards d'euros), affirmait mercredi la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement). Un plongeon quasi inégalé dans le monde industrialisé.

Ces chiffres sont troublants dans la mesure où les IDE sur l'ensemble de la planète ont bondi de 11% l'an dernier (à 1461 milliards US). La France fait d'ailleurs piètre figure à côté de l'Allemagne (hausse de plus de 300%) et même de l'Espagne ("37%).

La faible compétitivité des Français, un reproche récurrent des économistes, se confirme également. Dans son dernier palmarès, le Forum économique mondial, qui a tenu récemment le sommet de Davos, classe la France au 23e rang sur ce plan. Un recul d'une place en un an... et de cinq en deux ans!

Pas surprenant alors que, de 2000 à 2012, la part de la France dans l'ensemble des exportations de la zone euro soit passée de 17 à 13%, selon des études. Autrement dit, le reste de la zone euro fait des gains sur le dos des Français.

À côté de la reprise

Aux yeux du Fonds monétaire international (FMI), la France passe donc à côté de la reprise des pays développés: son économie stagne à moins de 1% de croissance prévue en 2014, tandis qu'elle est réévaluée ailleurs ("2,8% aux États-Unis, "2,4% au Royaume-Uni et " 1,8% en Allemagne).

Dans ce contexte, le chômage ne peut que progresser chez nos cousins d'outre-mer. Il franchira cette année la barre des 11% contre 5% en Allemagne, 6% aux États-Unis et 7% au Royaume-Uni, avance le FMI.

Aujourd'hui, presque tous les observateurs parlent d'«un échec» pour un François Hollande déjà fort impopulaire dans les sondages.