La prévision officielle de croissance du gouvernement pour 2014 est pour le moment de 0,7%, après un recul de 1,2% en 2013. Et M. De Guindos a précisé, avant une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, qu'elle serait révisée avant la fin du mois d'avril, dans le cadre de la présentation du programme de stabilité du gouvernement.

La quatrième économie de la zone euro, soumise depuis fin 2011 à une cure d'austérité pour assainir les comptes publics, vient de sortir timidement de deux ans de récession, avec une progression du Produit intérieur brut au troisième trimestre 2013 de 0,1% et de 0,3% au quatrième trimestre.

M. De Guindos justifie cette anticipation d'un relèvement de la prévision 2014 par le fait que la croissance en 2013 a accéléré un peu plus rapidement que prévu, et donc, a-t-il dit, «l'inertie avec laquelle nous entrons dans 2014 est meilleure que celle initialement prévue».

«Cela fait deux ans que nous étions au bord de l'effondrement, mais grâce aux décisions difficiles prises au niveau interne, la situation est maintenant totalement différente», avait déclaré M. De Guindos un peu plus tôt mardi, à l'occasion de la présentation d'un livre publié par le Fonds monétaire international (FMI) sur la croissance européenne et l'emploi.

«Nous sommes en train de commencer à voir les résultats» des mesures adoptées, a assuré le ministre.

Pressé par ses partenaires européens, le gouvernement conservateur espagnol a adopté depuis la fin 2011 des mesures d'austérité pour réduire sensiblement les déficits du pays, mais pâtit toujours d'un fort taux de chômage, à plus de 26% de la population active.

«La croissance de l'économie espagnole s'accélère» et une croissance d'environ 1% «ne me paraît pas un chiffre optimiste», estime Juan Carlos Martinez Lazaro, professeur d'économie de l'IE Business School.

Pour lui, «l'environnement extérieur va être plus favorable». «Nous allons probablement voir une reprise de la consommation intérieure parce que l'emploi va s'améliorer et que le crédit aux ménages va s'ouvrir».

«La productivité a fortement augmenté en Espagne depuis 2008 avec un coût du travail qui a baissé remarquablement par rapport à des concurrents clefs. Cela rend l'emploi plus attractif», renchérit Christian Schulz, analyste de la banque d'investissement Berenberg.

Et «la réforme du marché du travail a rendu les licenciements plus faciles. Cela a aggravé le chômage dans un premier temps, mais cela devrait permettre aux entreprises de recruter plus facilement. Cela pourrait être similaire à la situation de l'Allemagne en 2005», a-t-il estimé.

Moins optimiste, Raj Badiani, économiste de l'institut de recherche IHS Global Insight souligne que «les problèmes structurels sont toujours là», citant «l'absence de croissance du marché de l'emploi» et «le taux élevé de créances douteuses» des banques, qui reste au plus haut depuis 50 ans, à 13,08% fin novembre.

Le secteur bancaire a dû recourir en 2012 à une aide européenne de 41,3 milliards d'euros, en raison de sa forte exposition au secteur immobilier frappé par l'explosion de la bulle immobilière en 2008.

La semaine dernière, le vice-président de la Commission européenne, Olli Rehn, a lui-même averti qu'il faudrait encore «plus de 10 ans à l'Espagne pour retrouver le taux de chômage qu'elle affichait avant l'explosion de la bulle immobilière».

Le chômage devrait se situer à 25,9% à la fin 2014, selon le gouvernement, à 27% selon le FMI, qui prédit une reprise très lente si l'Espagne ne met pas en oeuvre de nouvelles réformes.