L'Italie figure «au premier rang pour la consommation de produits contrefaits» - 130 millions saisis en 2013 dans la péninsule -, en Europe, ce qui est le résultat d'un véritable «problème culturel», a expliqué lundi le président du Sénat, Pietro Grasso.

Qui «achète des contrefaçons aide la criminalité», a averti cet ancien procureur national antimafia, lors de la présentation d'une campagne européenne contre ce phénomène qui génère chaque année 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le monde.

La contrefaçon «entrave la croissance, génère l'évasion fiscale et fait prospérer la criminalité», a souligné l'ex-magistrat, en jugeant nécessaire d'«éduquer le consommateur».

Selon un sondage sur internet réalisé par Coldiretti, la Fédération nationale des agriculteurs, et publié lundi, plus d'un Italien sur deux (52%) avoue avoir déjà acheté un produit contrefait, avec une préférence (29%) pour les vêtements et accessoires (sacs, ceintures, portefeuilles) copiés sur ceux des grandes marques de luxe.

«Dans notre pays, a déploré Pietro Grasso, il existe une indulgence excessive en matière de contrefaçon et il faut remédier à cela. Nous devons sauvegarder le 'Made in Italy' et expliquer à tous ceux qui achètent des produits contrefaits qu'en agissant ainsi, ils font du mal à notre marché intérieur et ils soutiennent la mafia».

«Les produits contrefaits concurrencent de manière déloyale les produits authentiques et menacent de nombreux emplois en Europe. Pour contrer ce risque, il n'y a qu'une chose à faire: 'dites non à la contrefaçon, achetez les originaux!'», a affirmé Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne.

Contrefaire des produits signifie «voler les idées des autres», ce qui est encore plus nuisible en période de crise économique, a ajouté M. Grasso, pour qui «défendre des secteurs fondamentaux de notre économie, comme la mode ou l'agroalimentaire, est le devoir de tous».

En 2013, selon le rapport annuel de la police financière et douanière publié lundi, 130 millions de produits contrefaits ont été saisis en Italie, soit une croissance de 25% par rapport à 2012.

Parmi ceux-ci: 22 millions de vêtements, 13 millions de jouets, 42 millions de matériel Hi-Fi et 53 millions d'autres biens de consommation (cosmétiques, pièces de rechange pour l'automobile, produits pour l'hygiène).

Selon le directeur du Service italien des douanes, Giuseppe Peleggi, «le trafic de marchandises contrefaites se fait de plus en plus via les services postaux et aériens», avec des colis de plus en plus petits, donc moins repérables, mais de plus en plus nombreux.